JOB DATING · Youna de Peretti, directrice de casting

CV : Le magnétisme et la douceur de Théodore Pellerin dans « Nino », la voix éraillée et l’impertinence de Manon Clavel dans « Kika », c’est grâce à elle. La liste est longue : « Le Ravissement », « À plein temps », « Jusqu’à la garde »… En tant que directrice de casting, Youna de Peretti est au cinéma ce que le nez est à la parfumerie : elle est capable de choisir les essences d’acteurs et d’actrices qui donneront l’harmonie à une histoire.


Youna portrait photocall FIFF copie scaled e1762444644161
Youna de Peretti (c) FIFF

Comment devient-on directrice de casting ?

En général, on se forme sur le tas, en étant d’abord assistant d’un directeur ou d’une directrice de casting. Les profils sont variés : souvent d’anciens assistants-réalisateurs, parfois des acteurs en reconversion. Actuellement, avec l’ARDA [Association des responsables de distribution artistique, ndlr], on essaye de structurer et de professionnaliser davantage le métier en réfléchissant notamment à un cadre de formation. Cela permettrait d’établir une déontologie claire et de garantir un lieu de travail accueillant pour des comédiens qui se sentent parfois en position de fragilité.

Quelles sont les étapes d’un casting ?

C’est un travail de fond, sur la durée. Toute l’année, on fait de la veille en prenant des notes sur les acteurs vus au cinéma, à la télévision, au théâtre ou même sur les réseaux sociaux. On suit les jeunes talents dans les cours de théâtre. Sur un projet, les étapes sont les suivantes : la lecture du scénario, puis la rencontre avec le réalisateur pour discuter de sa vision. Ensuite, on établit un préplanning et on travaille en pyramide, c’est-à-dire en commençant par les premiers rôles, puis les rôles secondaires, enfin les « petits » rôles. On peut aussi organiser des castings spécifiques pour des compétences spécifiques, par exemple si on cherche quelqu’un qui sait jouer d’un instrument ou pratiquer un sport particulier. Viennent ensuite les auditions pour tester l’alchimie entre les comédiens.

Comment s’est déroulé celui de Kika d’Alexe Poukine ?

Je suivais Manon Clavel depuis le Cours Florent et le Conservatoire. J’appréciais son travail et attendais le rôle à sa mesure. Alexe Poukine cherchait son actrice depuis un moment et se demandait même si elle n’allait pas jouer le rôle elle-même, tant le personnage était inspiré d’elle. Je l’ai encouragée à trouver un alter ego. Au départ, le personnage était envisagé plus âgé. Comme on ne trouvait toujours pas et qu’à un moment on a pu dépasser la « barrière de l’âge », j’ai fait venir Manon. Elle a été dingue du scénario, et une connexion évidente s’est opérée entre elle et la réalisatrice.

Quelles sont les qualités pour être une bonne directrice de casting ?

Il y a une grande part d’intuition, mais je dirais surtout qu’il faut une grande qualité d’observation et d’écoute. On doit trouver un équilibre entre avoir ses propres goûts et convictions, savoir se mettre au service de l’autre et être capable de voir ce qui sera le meilleur pour le film. C’est un peu pareil pour réussir son casting, d’ailleurs : c’est l’envie de rencontrer qui fait la différence.