
Un embaumeur – ayant le pouvoir de discuter avec les cadavres dont il s’occupe – accompagne l’un d’entre eux dans son dernier road trip… On adore le côté joyeusement tordu du projet : les gros plans sur ce visage mort prenant l’air frais par la vitre ouverte, l’utilisation du small talk, la pulsation de la cumbia en bande-son. « Ce qui me fascine, dans la cumbia, ce sont ces paroles très sombres – meurtres, trahisons, crimes – qui coexistent avec une musique super joyeuse », confie le cinéaste âgé de 24 ans.
Né à Puebla, dans un contexte catholique marqué qui l’étouffe, il s’installe à Mexico en 2019 où il intègre le Centro de capacitación cinematográfica (CCC), mais la pandémie de Covid-19 le renvoie rapidement dans sa ville natale. Déprimé, frustré, il se raccroche à un court métrage écrit au lycée, Aguacario (2023), une comédie inspirée par son grand-père. Nourri de l’imperfection revendiquée du cinéma bis, son deuxième court, Levantamuertos…, perpétue le mauvais esprit du genre. « Ces dernières années, j’étais un peu fatigué de voir des personnages déconstruits dès le début d’un film. Dans la vie, on doit tous se défaire de schémas. Je voulais parler de ces relations masculines où l’on n’exprime jamais ses sentiments. » Admirateur de Jim Jarmusch et d’Emir Kusturica, Castilla Ponce n’en a pas fini avec l’au-delà. Alors qu’il prépare son premier long métrage, il tourne actuellement le court Los tripitas, dans lequel il imagine ses trois frères accomplir ses dernières volontés : planter ses cendres dans une terre où poussera un citronnier, les mélanger à de la peinture pour en faire des graffitis avant de les faire exploser en feux d’artifice. C’est exactement ce qu’on attend de ce cinéaste : des films explosifs.