
« Le couple est à redéfinir »
Élément central de sa filmographie, qu’elle disséquait sans ménagement dans Anatomie d’une chute bien sûr, mais aussi dans Victoria, le couple est l’un des fondement même de nos sociétés. « J’interroge le couple comme quelque chose qui n’est pas si évident que ça », d’« infernale » même, confie-t-elle. Une réflexion d’autant plus intéressante qu’elle a souvent questionné le pilier traditionnel familial, lui préférant des formes de relation plus souples, révolutionnaires, à travers des personnages en crise identitaire et réfractaire à la norme.
Une mauvaise représentation de Paris
« J’ai toujours eu peur de filmer Paris », avoue Justine Triet, déplorant le côté « ville-musée » de la capitale, que les cinéastes français tentent de représenter tant bien que mal. Tel un syndrome inoculé par une cinéphilie débordant de plans parisiens plus que parfaits, la cinéaste pointe du doigt un problème de représentation standardisée, baignée d’interdits — là où certains réalisateurs étrangers, comme Nadav Lapid, par exemple, se « foutent complètement » de filmer le paris haussmannien typique et n’ont pas peur de tomber dans le cliché.
« L’écriture des dialogues, c’est là où je prends le plus de plaisir »
Comme un écrivain, Justine Triet explique qu’elle travaille seule la plupart du temps et qu’elle a du mal à « laisser les autres écrire les dialogues à {sa} place ». Célébration du scénario — matière première d’un film — et de ses dialogues, cœur battant du travail de la cinéaste, qui tutoyait l’excellence dans ce domaine avec les logorrhées désarmantes d’Anatomie d’une chute.

« La langue est l’endroit de réappropriation de nos vies »
Dans la continuité de l’importance accordée aux dialogues, Justine Triet parle de la langue comme d’un « endroit de lumière, de vérité » mais aussi de « délire », notamment dans les procès qui peuplent ses films. Elle explique qu’elle tente de montrer, à travers ces échanges, que malgré tous les mots, les humains ne parviennent pas à se comprendre. Une difficulté d’existence et de communication que le cinéma — et notamment celui de Justine Triet — a su montrer comme personne.
« Le regard d’un animal est toujours passionnant »
Tout le monde se souvient de Messi, le chien d’Anatomie d’une chute, qui a foulé le tapis rouge des Oscars. « Ce n’est pas simplement filmer des chiens, c’est filmer à hauteur de chien », précise Justine Triet à propos des compagnons à quatre pattes présents dans ses films. Considéré comme un « véritable personnage », mais aussi comme un « fantôme », les chien est considéré par Triet comme la vérité incarnée.