Alex Bouton et Frédéric Moura, profession dronistes pour « Chien 51 »

Membres de la société marseillaise DroneCast, Alex Bouton et Frédéric Moura se sont imposés en France comme des références incontournables dans la prise de vues aériennes par drone. Ces dernières années, on a vu leurs noms figurer aux génériques de « Visions », « Rapide », « L’Amour ouf » ou, ce mois-ci, « Chien 51 », film d’anticipation de Cédric Jimenez. Rencontre avec ces drôles d’oiseaux.


Alex Bouton et Frédéric Moura

Comment êtes-vous arrivés à travailler avec des drones ?

Alex Bouton : Tout petit, je faisais de l’aéromodélisme. Plus tard, j’ai commencé à tourner des courts métrages qui m’ont conduit à faire une école de cinéma. Le drone a réuni mes deux passions.

Frédéric Moura : J’ai travaillé dans le montage vidéo pendant quinze ans, et puis j’en ai eu marre d’être enfermé. Comme Alex, j’avais aussi fait de l’aéromodélisme quand j’étais jeune et, en 2010, j’ai découvert les drones. J’ai alors investi mes économies pour construire, pendant deux ans, un appareil assez performant pour être utilisé sur des tournages. J’ai ensuite rencontré Walter Romand, et nous avons créé DroneCast.

Le drone a tout de suite trouvé sa place dans l’audiovisuel parce que l’on veut toujours de nouveaux axes et mouvements de caméra. D’ailleurs, au début, on nous demandait de remplacer des plans tournés d’un hélicoptère ou de faire des plans loufoques. Aujourd’hui, l’utilisation d’un drone est plus entrée dans la norme. Par exemple, sur des productions à petit budget, il peut remplacer une grue, qui reviendrait beaucoup plus chère.

Comment s’organise votre binôme ?

A. B. : Je suis pilote de drones, donc je dirige l’appareil dans l’espace pour déplacer la caméra aux endroits désirés.

F. M. : Moi, je règle la caméra embarquée. Ce mode de fonctionnement permet de distinguer le point de vue de la caméra de celui du drone.

A. B. : Et ça nous permet aussi d’être très précis et de faire très attention à la sécurité.

Il paraît qu’il est difficile d’obtenir des autorisations pour tourner avec un drone à Paris…

F. M. : Historiquement, on avait interdit au préfet de Paris d’autoriser la police à utiliser des drones. Donc il refuse quasiment toutes les demandes.

A. B. : Certaines préfectures, à l’inverse, sont plus permissives. Par exemple à Marseille, où notre société est installée.

Qu’avez-vous fait sur Chien 51 ?

A. B : Des plans relativement classiques, mais aussi des « drones de jeux », c’est-à-dire des drones que l’on voit à l’image. Dans ce cas, je dois « jouer » le drone, comme un marionnettiste qui donnerait vie à une créature. Nous avons de plus en plus de demandes pour ça et, dans ce cas, nous travaillons main dans la main avec le chef-décorateur pour habiller les drones tout en préservant leur ergonomie

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FICHE MÉTIER

Les dronistes pilotent, par radiocommande, un petit engin volant (25 kg maximum) embarquant une caméra. En relation directe avec le directeur de la photographie et le réalisateur, ils filment des plans impossibles à obtenir autrement, ou qui nécessiteraient un matériel beaucoup plus onéreux. Par leur savoir-faire, les dronistes sont plus des consultants que de simples exécutants sur un plateau.

Chien 51 de Cédric Jimenez, StudioCanal (1 h 50), sortie le 15 octobre