La Règle du Jeu de Jean Renoir (1939)
À travers cette comédie de mœurs, Renoir, sympathisant du PCF, compose une fresque où aristocrates et domestiques se reflètent. Derrière bals et chasses en Sologne s’expose la vanité d’une élite aveugle de la guerre qui s’annonce. Mutilé puis censuré à sa sortie, La Règle du jeu dénonce l’immobilisme d’un ordre social oppressif.
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La Cérémonie de Claude Chabrol (1995)
Inspiré de L’Analphabète de Ruth Rendell, Chabrol transpose un fait divers en une parabole sanglante. L’alliance entre une employée de maison (Sandrine Bonnaire) et une postière feu follet (Isabelle Huppert) concentre le ressentiment d’une classe populaire face à l’arrogance d’une bourgeoisie provinciale. Sous l’apparence formelle du polar couve une violence latente, qui se matérialise et explose dans un moment de cinéma inoubliable.
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Ressources humaines de Laurent Cantet (2000)
Frank (Jalil Lespert), étudiant en école de commerce, revient faire un stage dans l’usine où travaille son père. Il découvre qu’il participe malgré lui à un plan de licenciements, dont son père fait partie. Premier long métrage à la fois âpre et sensible de Laurent Cantet, ce film brut met en lumière la dureté du monde de travail dans un système capitaliste qui exerce un poids dans les rapports familiaux.
Le Goût des autres d’Agnès Jaoui (2000)
Chef d’entreprise peu cultivé, Castella (Jean-Pierre Bacri) tombe sous le charme d’une actrice (Anna Alvaro). Il tente de s’immiscer dans son milieu artistique, mais les barrières culturelles résistent à ses efforts… Délicate, drôle et sensible, cette comédie écrite par le couple Jaoui-Bacri, qui a remporté plusieurs César en 2001, joue avec habileté avec les stéréotypes.
La Fracture de Catherine Corsini (2021)
Situé dans un hôpital saturé pendant la crise des Gilets jaunes, ce drame social, lauréat de la Queer Palm, confronte soignants, manifestants et bourgeois parisiens. En chroniquant l’implosion de la France contemporaine, la cinéaste capte dans l’urgence des corps blessés et des colères contenues.
L’Origine du mal de Sébastien Marnier (2022)
Dans une villa bourgeoise, une jeune femme modeste retrouve un père inconnu et sa famille. Très vite, entre mensonges et tensions sociales, le malaise s’installe et le trouble grandit. Humour féroce, huis-clos intense, portrait de famille tordue, ce thriller enlevé n’en oublie pas de dénoncer avec brio le fossé social entre riches et pauvres et la masculinité toxique.
Par Thibault Lucia et Claude Garcia
