IARTISTE · Mark Wachholz : « L’I.A. permet d’accéder à l’espace culturel latent de l’humanité »

À l’heure où trop de productions I.A. se limitent aux vedettes de la culture pop moderne, le court-métrage de Mark Wachholz est une bouffée d’oxygène. En convoquant les films de la première moitié du XXe siècle, « The Cinema That Never Was » nous invite à rêver une histoire du cinéma alternative. Non content de stimuler notre cinéphilie, ce court-métrage multi récompensé est aussi une réflexion passionnante sur l’une des raisons d’être des générateurs I.A.


the cinema that never was
The Cinema That Never Was

Comment est né The Cinema That Never Was ?

L’idée de ce film m’est apparue en testant de nouveaux générateurs et en leur faisant passer ce que j’appelle « le test de Turing cinématographique », c’est-à-dire en cherchant ce point où les I.A. semblent moins authentiques que cinématographiques. En septembre 2024, j’ai découvert un générateur qui répondait à mes attentes et j’ai réfléchi à la possibilité de convoquer des images du passé pour créer des films qui n’existaient pas. J’ai encore dû attendre que les générateurs s’améliorent parce que, étrangement, les vidéos produites se limitaient trop souvent à une apparence de série B.

Comment avez-vous débuté la conception du court-métrage ?

J’ai commencé par la musique. Je savais que j’allais reprendre une structure proche des bandes-annonces. Donc avoir un tempo musical pour me guider était le début adéquat. Écrire la voix-off a été une étape décisive : j’ai décrit à ChatGPT l’idée générale, mais j’imaginais à ce stade que la production du générateur ne serait qu’un brouillon que j’allais ensuite retoucher. Seulement le résultat proposé avait parfaitement saisi ce que je cherchais, comme si cette idée existait déjà dans une sorte d’espace latent, attendant simplement d’être découverte. La décision de conserver le brouillon rédigé par l’IA a permis de boucler la boucle autour de l’idée centrale du film : même les œuvres non réalisées ont déjà une sorte de présence fantomatique. Et maintenant, grâce à l’IA, nous pouvons les révéler.

Votre film ne se limite pas à l’Occident : les cinémas indien, russe ou taïwanais sont aussi évoqués…

C’était un des projets du court-métrage : l’industrie du cinéma est écrasée par l’occident. Or, je voulais imaginer un cinéma qui se serait développé ailleurs. Il était essentiel de sortir d’Hollywood. Tant de cinéastes n’ont pas pu s’exprimer parce qu’ils n’en avaient socialement pas la chance : les noirs américains, les artistes de pays colonisés ou ceux étouffés par la censure des dictatures. C’est aussi pour cette raison qu’il y a beaucoup de personnages féminins dans le court-métrage : les femmes ont été systématiquement mises de côté dans l’histoire du cinéma, comme Alice Guy ou Lois Weber. Je voulais ce que cet essai vidéo ressemble à un rêve cinématographique venu d’un univers parallèle, où tous les aspirants cinéastes auraient eu l’opportunité de créer leur film.

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Un des points forts de votre court-métrage est qu’il fait sens avec la technologie employée…

Cet essai parle effectivement, aussi, de ce médium d’expression. Il interroge ce que l’I.A. est réellement : un outil pour accéder à l’espace culturel latent de l’humanité, un espace rempli de fragments d’influences et donc de possibilités nouvelles.

Le site de Mark Waccholz