Mohammad Rasoulof se dit prêt à faire un film à l’étranger

Alors qu’il recevait un tout nouveau prix honorifique à Locarno, le réalisateur iranien exilé (derrière le magnifique « Les Graines du figuier sauvage ») s’est confié sur l’avenir qu’il envisage pour sa carrière.


mohammad rasoulof
© Philippe Lebruman pour TROISCOULEURS

Au Festival de Locarno, qui prend fin ce 16 août, Mohammad Rasoulof, cinéaste iranien en exil, a reçu le tout premier Locarno City Peace Award (qui récompensera désormais des œuvres et des cinéastes engagés pour la paix).

Variety a saisi l’occasion pour interroger le courageux réalisateur sur son prochain projet. « Si je veux faire un film en Europe ou en Occident en ce moment, tout est prêt. » Et de poursuivre : « La question n’est pas de savoir quand commencer à le réaliser. La question qui me préoccupe davantage est la suivante : « Qui suis-je ? Qu’est-ce que ça signifie être moi ? Où dois-je poursuivre mon combat ? » C’est ce qui inspirera mon prochain travail. »

L’année dernière à Cannes, son film Les Graines du figuier sauvage (récompensé par le Prix spécial du jury) nous avait impressionnés par sa force, sa profondeur – Mohammad Rasoulof y racontait le mouvement de révolte iranien « Femme, vie, liberté » en zoomant sur le quotidien d’une famille fracturée.

Le réalisateur, condamné à huit ans de prison ainsi qu’à des coups de fouet pour « collusion contre la sécurité nationale », avait fui son pays clandestinement juste avant cette présentation cannoise. « En Iran, chaque fois que j’ouvrais une porte, j’étais pris par l’angoisse que quelqu’un derrière me saute dessus », nous confiait-il, quelques mois avant la sortie de son film en France.

Ses (maigres) espoirs quant à l’avenir de son pays reposaient alors sur la jeunesse : « Ce sur quoi on peut fonder un espoir légitime, c’est cette réalité objective : la jeunesse est désireuse de changement. Pour autant, cela fait cent cinquante ans qu’on parle de l’Iran comme d’un territoire où s’affrontent tradition et modernité. Est-ce la seconde qui l’emportera d’ici quelques années ? Je ne sais pas. » À noter que le réalisateur a signé le scénario de 7 jours, thriller iranien mis en scène par Ali Samadi Ahadi actuellement en salles.