« The Brotherhood » au Festival d’Automne : une pièce de théâtre audacieuse

Peut-on parler du viol et du trauma grâce au théâtre ? Carolina Bianchi poursuit son investigation dans le deuxième volet de sa trilogie Cadela força, où l’omniprésence des boys clubs dans l’art est passée au crible.


Cadela Forca Trilogy Chapter II The Brotherhood photo by Mayra Azzi 2
© Mayra Azzi

En se mettant en scène avec huit performeurs, la metteuse en scène brésilienne conteste sa place en tant qu’artiste et autrice dans un système qui défend trop souvent les agresseurs. Avec sa compagnie Cara de Cavalo, elle s’interrogeait sur la mémoire traumatique et les violences sexuelles dans La Mariée et bonne nuit Cendrillon, premier chapitre de sa trilogie Cadela força, qui avait fait fureur au festival d’Avignon en 2023.

Carolina Bianchi continue de suivre cette piste dans The Brotherhood, en interrogeant le système des boys clubs, ces groupes d’hommes qui se protègent entre eux,constitutif de l’histoire de l’art et du théâtre. D’abord en menant un entretien avec un metteur en scène fictif, avant de laisser la scène être envahie par un groupe de sept performeurs masculins, Carolina Bianchi se fait prendre au piège de cette fraternité qui protège les agresseurs. Et découvre qu’elle en est partie prenante. Que faire des références et modèles artistiques quand ils sont dominés par la misogynie et la culture du viol ? Peut-on, en tant qu’artiste, exister sans y participer ?

Dans ce deuxième volet, la performeuse tente à nouveau de trouver un langage à travers le théâtre pour parler de ce qu’on peine à nommer, comme le trauma et le viol. Au fil de la pièce, elle devient comme un fantôme qui apparaît et disparaît, en invoquant au passage des figures d’artistes comme Emily Brontë, Sarah Kane, Ana Mendieta ou Sylvia Plath, qui l’accompagnent dans cette traversée. Dans une ambiance brumeuse, elle déploie une performance totale où chant, danse et texte s’entremêlent avec finesse et irrévérence.

à La Villette, du 19 au 28 novembre