
PALME D’OR
Sentimental value de Joachim Trier
La chronique familiale du cinéaste norvégien (Julie (en 12 chapitres)) est d’une profondeur émotionnelle et narrative éblouissante. Il y raconte l’histoire d’un cinéaste septuagénaire (Stellan Skarsgård) qui tente maladroitement de renouer, à travers un film qu’il s’apprête à tourner et pour lequel il engage une jeune actrice américaine (Elle Fanning), avec ses deux filles adultes (sublimes Renate Reinsve et Inga Ibsdotter Lilleaas).
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GRAND PRIX
Sound of Falling de Mascha Schilinski
Brillante voix émergente du cinéma allemand, Mascha Schilinski débarque en Compétition à Cannes avec son deuxième long-métrage. Dans cette fresque existentielle, tour à tour virtuose, macabre et allégorique, la cinéaste raconte, sur un siècle, quatre générations de femmes dans une ferme de l’Allemagne rurale. Permanence des abus, héritage de la violence masculine et de la culpabilité, souvenirs du corps féminin qu’on muselle : Sound of Falling est un film labyrinthique sur la mémoire traumatique. Rencontre avec sa réalisatrice.
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PRIX DE LA MISE EN SCÈNE
L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho
Le cinéaste brésilien (déjà auréolé d’un Prix du jury à Cannes en 2019 pour Bacurau) signe un grand film-fleuve dont le héros, incarné par Wagner Moura, tente d’échapper à des tueurs dans le Brésil dictatorial de 1977. Rencontre sur la Croisette avec Kleber Mendonça Filho, ancien critique de cinéma qui garde derrière ses airs de cinéaste établi une curiosité et une colère intactes.
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PRIX DU SCÉNARIO
Un simple accident de Jafar Panahi
Le réalisateur iranien raconte l’enlèvement d’un homme que des victimes de la dictature iranienne soupçonnent d’être leur ancien geôlier. Un récit frontal et engagé, qui oscille entre comédie, thriller et drame, que Jafar Panahi a de nouveau tourné clandestinement.
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PRIX DU JURY
The Mastermind de Kelly Reichardt
Avec The Mastermind, la reine du cinéma indé US Kelly Reichardt revisite le film de braquage pour en renverser les codes et épingler son personnage masculin qui se pense en génie du mal (d’où le titre, ironique) mais se révèle dans toute sa médiocrité. Le génial Josh O’Connor campe ce père de famille qui échafaude le vol de toiles abstraites dans un musée puis part mollement en cavale quand il est soupçonné par la police et que sa femme (Alana Haïm), dégoûté par son comportement, le lâche. Le tout dans une ambiance de révolte contre la guerre du Viêt-Nam, au début des années 1970. Un grand film à déflagration lente par l’une de nos cinéastes préférées.
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PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE
Sergi López pour Sirat d’Oliver Laxe
Dans Sirat d’Oliver Laxe, il incarne Luis, un père désespéré, lancé à la recherche de sa fille disparue. Époustouflant dans un rôle profondément tragique, l’acteur espagnol a vécu une expérience hors-norme.
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PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE
Nadia Melliti dans La Petite dernière de Hafsia Herzi
Magnétique et désarmante de naturel de film de Hafsia Herzi, elle irradie avec une justesse qui bouleverse.
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PRIX SPÉCIAL
Nouvelle Vague de Richard Linklater
C’est un portrait de Jean-Luc Godard (incarné par le parfait Guillaume Marbeck) en cancre burlesque de la Nouvelle Vague que nous sert le cinéaste américain dans son jubilatoire making of fictif d’ À bout de souffle. Un hommage comme un manifeste pour un cinéma léger, malicieux et anarchisant.
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CAMÉRA D’OR
Pillion de Harry Lighton
Film queer et cuir, Pillion ose le mariage réussi du cru et des sentiments. Une histoire de soumission et d’émancipation racontée comme une romcom. Aussi sexy et troublant qu’étrangement doux et mignon.
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