Cannes 2025 · Julia Ducournau à la conférence de presse : « Malgré la noirceur de mes films, je suis une éternelle optimiste »

Quatre ans après sa Palme d’or pour Titane, la réalisatrice française revient sur la Croisette en Compétition avec Alpha. Convoquant le spectre des années 1990 et de l’épidémie de sida, cette création ambitieuse raconte comment le quotidien d’une jeune adolescente (la révélation Mélissa Baros) implose après s’être fait tatouer lors d’une soirée. Lors de la conférence de presse cannoise, la passionnante cinéaste a livré des clés précieuses pour mieux appréhender ce nouvel ovni. Moments choisis.


Julia Ducournau
© Festival de Cannes

« Je voulais faire ressentir ce que pouvait être un trauma qui se transmet de génération en génération. Dans Alpha, cela s’applique à la famille, mais pour moi, la famille et la société fonctionnent de la même manière. On sent bien qu’on est dans un cycle en ce moment. Un cycle effrayant, sidérant, parce qu’on ne sait pas quand cela va s’arrêter, si on a les armes pour y faire face ou comment faire. ».

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« La peur s’est immiscée dans nos sociétés et a tout décomposé, laissant les gens dans leurs solitudes. La peur a ce pouvoir de monter les gens les uns contre les autres ». 

 « Malgré la noirceur de mes films, je suis une éternelle optimiste. Je crois très fort que l’amour est un acte de résistance. Dans notre société, c’est la seule chose à laquelle on peut se raccrocher, et qui peut changer énormément de choses. »

« Déranger les spectateurs n’est jamais mon objectif, mais c’est une conséquence de ce que je produis. Mon but est d’offrir la possibilité de se glisser dans la peau de quelqu’un d’autre, d’une personne que vous n’êtes pas et que vous ne serez jamais. Faire ressentir la souffrance que peuvent ressentir les autres, pour pouvoir ensuite avoir de l’empathie et de l’amour pour eux, ça passe aussi par la violence ».

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« Alpha est un drame et non un film de genre, même si j’y déploie des images irréelles. Le cinéma de genre apporte une distance de sécurité par rapport à ce qu’on voit à l’écran. On peut avoir peur des monstres, des bêtes, des tueurs en série pendant le film mais une fois sortie de la salle de cinéma, on passe à autre chose. Pour Alpha, j’ai voulu faire l’inverse et nous renvoyer à notre propre vulnérabilité et mortalité ».

« Dans les années 1990, le monde entier s’attachait à culpabiliser les gens atteints du sida, en déclarant que c’était de leur faute et à cause de leur mode de vie. C’est quelque chose de très traumatisant dont on ne devrait absolument pas être fier mais qu’on essaie pourtant encore de mettre sous le tapis ».

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