Film issu d’un long travail créatif (Sylvain Chomet fut contacté il y a huit ans pour réaliser deux séquences d’un documentaire sur Marcel Pagnol avant de se mettre à écrire et réaliser l’intégralité d’un biopic d’animation du célèbre artiste), Marcel et Monsieur Pagnol nous arrive pour le 130ème anniversaire de la naissance du grand écrivain, cinéaste et dramaturge français.
● ● À LIRE AUSSI ● ● Marcel Pagnol, un brillant cinéaste de l’avant-garde à redécouvrir
La narration décide ainsi de s’ouvrir sur un Marcel Pagnol déjà âgé et au sommet de gloire qui s’avoue pourtant désabusé. La rédactrice en chef du magazine Elle lui commande alors l’écriture d’un feuilleton littéraire dans lequel il pourra raconter ses souvenirs personnels et les moments marquants de son existence.
Si les célèbres années d’enfance passées en Provence sont relatées, ce retour dans la mémoire pagnolienne se focalise surtout sur ses années adultes et sur les diverses facettes d’inventeur et de précurseur du personnage.
Montrant d’abord avec tendresse ce que représentait au début des années 1920 la montée à Paris pour un jeune instituteur venu de Marseille, Sylvain Chomet va s’arrêter sur les succès théâtraux de Marcel Pagnol puis sur son passage à l’art cinématographique. Réalisateur mais aussi fondateur à Marseille de sa propre société de production et de studios de cinéma, Marcel Pagnol prend la voix de Laurent Lafitte dans ce biopic parlé qui diffère ainsi des Triplettes de Belleville et de L’Illusionniste, les deux précédents films, muets, de Sylvain Chomet.
● ● À LIRE AUSSI ● ● Les 5 films d’animation qu’on attend le plus en 2025
Ce voyage dans le temps propose de très belles idées formelles, comme des séquences où les personnages animés regardent au cinéma des prises de vues réelles, dont certaines proviennent de films de Marcel Pagnol lui-même.
Mais ce récit aux airs enchanteurs aborde aussi des périodes plus sombres telles que la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle Pagnol subit de nombreuses pressions des nazis qui veulent utiliser ses studios de cinéma à des fins de propagande hitlérienne. S’opposant à ces tentatives d’intimidation, Pagnol sortira changé de la guerre et aura notamment l’idée de créer quelques années plus tard une forme d’exception culturelle afin d’éviter que le cinéma français ne soit englouti par les ambitions d’Hollywood.
Bien davantage qu’une bulle nostalgique, Marcel et Monsieur Pagnol exalte la capacité d’un artiste à se réinventer régulièrement au fil du temps et à garder en lui une âme de bâtisseur et d’ingénieur.
Et ce film d’animation situé au siècle dernier de défendre de manière universelle le courage et la détermination nécessaires pour préserver l’art de raconter des histoires et d’exprimer une singularité créative, quels que soient le vécu, le parcours ou l’âge des artistes.
