
Dès l’instant où une médecin annonce le diagnostic de sa maladie à Nino, le temps ne s’écoule plus pareil. Le jeune homme est à la fois propulsé dans l’urgence, celui de commencer un traitement dans trois jours, et dans l’étirement de l’instant dû au choc de la nouvelle. Dans cette appréhension distordue et paradoxale des heures qui filent, le film de Pauline Loquès rappelle Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda, autre déambulation parisienne d’une jeune femme qui attend des résultats médicaux – mais ici, la cinéaste écarte tout suspense, on sait dès le début du film que Nino est malade.
Ce parti-pris permet au film d’écarter toute dramatisation artificielle pour se concentrer sur la désorientation du protagoniste. Sa dérive flottante dans un Paris saisi à vif, dans son caractère brouillon, éparpillé, tient alors à réinventer son rapport aux autres alors qu’il appréhende de leur parler de sa maladie : sa mère (Jeanne Balibar), son meilleur ami (William Lebghil), ou une connaissance du collège (Salomé Dewaels) sur laquelle il tombe par hasard.
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Ces échanges sont ce qu’il y a de plus lumineux et subtil dans le film : sans pathos ou défaitisme lourdaud, Pauline Loquès chronique la dureté, le poids d’un tel moment, en prenant le soin de laisser tous les possibles en suspens. Il fallait un acteur aussi doué et ondoyant que Théodore Pellerin pour savoir rendre cette mosaïque de sentiments.
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