CANNES 2025 · « The Plague » de Charlie Polinger : boys club

Dans ce camp de water-polo pour garçons, les vacances virent au roman de William Golding qui serait aller faire un tour du côté de Brian de Palma et de David Robert Mitchell. Aussi percutant qu’intriguant.


the plague
The Plague

Ah, l’adolescence. Les hormones en « folaï », le trop plein d’émotions qu’on n’arrive pas à gérer et le corps qui change, entre peau grasse et acné purulente. C’est d’ailleurs ces derniers, symboles forts du teenage « à son prime » comme disent « les jeunes », qui sont au coeur de l’acharnement que subit un gamin dans un camp de water-polo. Accusé par le leader de la bande d’avoir la peste en raison de son corps recouvert de plaque de boutons, le jeune Eli est moqué, ostracisé et martyrisé.

Quand Ben, douze ans, débarque au camp, on lui fait vite comprendre de rester à distance du pestiféré, au risque de chopper sa « maladie » voire pire, d’être exclu socialement. Pour son premier long métrage Charlie Polinger nous immerge dans la loi de la jungle de la puberté masculine.

Un monde cruel de domination, de compétition et d’affabulations comme pour tenter de donner un sens aux changements intérieurs, tout en reproduisant, à l’excès, un schéma social déjà bien intégré. Ce Sa majesté des mouches du water-polo rappelle Carrie dans sa manière de jouer du fantastique et de l’horreur (sans jamais toutefois s’y noyer jusqu’au cou) où le moindre vestiaire devient le terrain d’un guet-apens potentiel, chaque frôlement, une éventuelle contamination.

The Plague fait également écho à It Follows, à la fois esthétiquement, mais aussi dans sa manière d’isoler cet univers adolescent du reste du monde. D’ailleurs, Joel Edgerton, présent au casting, n’est là que sporadiquement, comme une présence satellite et impuissante face à cette hiérarchie parallèle, aussi totalitaire que violente. Visuellement ambitieux, parfois maniéré, le film l’emporte notamment grâce à son casting de jeunes acteurs, avec, en tête, le doux Ben, joué par l’étoile montante Everett Blunck, et la tête à claque Jake, interprété par le subtil Kayo Martin. Une proposition intrigante, et une réussite qui augure du meilleur pour son réalisateur Charlie Polinger.

Retrouvez tous nos articles sur le 78e Festival de Cannes, qui se tient du 13 au 24 mai.