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Ruben Östlund : « Je suis très fier de la scène d’imitation du singe dans “The Square” »

  • Timé Zoppé
  • 2024-02-09

En décembre, on a rencontré dans les Alpes le réalisateur suédois doublement palmé (pour «The Square », en 2017, et « Sans filtre », en 2022), alors qu’il était invité d’honneur aux Arcs Film Festival. L’occasion de l’interroger au coin du feu sur sa passion première, les sports de glisse, en lien avec sa cinéphilie.

3 films que vos parents vous ont montrés enfant ?

1900 de Bernardo Bertolucci [sorti en 1976, ndlr]. Ma mère était très à gauche, c’est une des rares personnes à se considérer comme communiste, encore aujourd’hui. Pendant ma jeunesse, on avait beaucoup de discussions autour de questions politiques et sociales.

Je me souviens avoir regardé Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman [1976, ndlr] avec mon père. Et puis L’Homme qui a renoncé au tabac [de Tage Danielsson, 1972, inédit en France, ndlr], dont le héros est incarné par Gösta Ekman, l’un des acteurs suédois les plus populaires de l’époque, qui avait un sens unique du timing comique.

3 choses surprenantes que des spectateurs vous ont dites à propos d’eux ou de leur couple après avoir vu Snow Therapy (2015) ?

J’ai entendu dire que le film avait brisé des couples... Avant les projections du film, j’avais l’habitude de dire que c’était un bon moyen pour tester sa relation. Au lieu de rester ensemble pendant dix ou quinze ans, les gens avaient l’occasion de prendre beaucoup plus vite la décision de se séparer ou pas. On m’a aussi raconté cette histoire d’enterrement de vie de garçon. Les amis du futur marié s’étaient déguisés en kidnappeurs avec des masques de ski et des fausses armes. Ils ont frappé à la porte du couple et, en leur ouvrant, le fiancé a eu si peur qu’il s’est caché derrière sa future épouse. Ils ont galéré à se remettre de cette histoire, mais, finalement, leur couple a survécu et ils se sont mariés.

Vos 3 Palmes d’or préférées (à part les vôtres) ?

Je dirais Entre les murs [de Laurent Cantet, 2008, ndlr], Apocalypse Now [de Francis Ford Coppola, 1979, ndlr] et Le Charme discret de la bourgeoisie [de Luis Buñuel, qui n’a en fait pas eu la Palme, mais l’Oscar du meilleur film étranger en 1973, ndlr].

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L’acteur ou l’actrice dont vous étiez amoureux à 13 ans ?

À l’époque, j’étais complètement obnubilé par les skieurs, et c’était tous des hommes. Glen Plake, un Américain avec une crête incroyable. J’admirais aussi Scott Smith. Ah si ! Il y avait une femme, Catherine Destivelle, une grimpeuse française très cool ! J’ai dû un peu fantasmer sur elle à un moment.

Vos 3 films de ski préférés ?

J’en ai vu tellement dans ma jeunesse... Plus que de films importants dans l’histoire du cinéma. Parmi mes préférés, Apocalypse Snow [de Didier LaFond, 1983, ndlr], que j’ai regardé en boucle, avec le snowboardeur Régis Rolland. Il y a aussi Carving the White [de James Angrove et Jon Long, 1993, inédit en France, ndlr], un film de ski.

Quand j’étais jeune, je commandais ce genre de films et les recevait en VHS par la Poste. Il y a aussi un de mes propres films, Free Radicals 2 [1998, inédit en France, ndlr], le dernier film de ski que j’ai fait avant de m’inscrire à l’école de cinéma de Göteborg. Ensuite, j’ai complètement arrêté d’en réaliser. Maintenant, ma seule connexion avec le monde du ski, c’est quand je viens ici, aux Arcs Film Festival, et à Park City pour le Sundance Film Festival. Ça me fait des petits séjours de glisse.

3 scènes de vos propres films dont vous êtes le plus fier ?

Je suis très fier de la scène d’imitation du singe dans The Square, par Terry Notary. C’est un artiste de motion capture qui a joué entre autres dans La Planète des singes et qui a réalisé dans mon film une performance folle durant laquelle son personnage génère le chaos dans un dîner mondain organisé par le musée d’Art moderne. Il y a une sorte de suspense dans cette scène, quelque chose que je n’ai jamais vu dans un autre film. 

Je suis aussi fier de la scène d’avalanche dans Snow Therapy. J’avais un but précis en tête. J’ai dit à l’équipe technique que je voulais faire la scène d’avalanche la plus spectaculaire du cinéma. Je pense qu’on n’en est pas loin. Et puis, dans Sans filtre, je suis très fier de la scène où l’on voit un couple se disputer autour de l’addition pour savoir si c’est l’homme ou la femme qui doit payer. Ça engendre de nouveau une réflexion sur les rôles de genres, et je trouve la scène réalisée de manière très précise. J’ai beaucoup bossé dessus à l’écriture.

Photo (c) Alexandra Fleurantin

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