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Love Hunters, Avant la fin de l’été… Les films préférés de la rédac cette semaine

  • Trois Couleurs
  • 2017-07-12

LOVE HUNTERS

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On nous conte ici l’histoire, et plus encore le calvaire, de Vicki, une jeune femme séquestrée par un couple de prédateurs sexuels. Dans la continuité de séquences culte de Funny Games de Michael Haneke et de The Descent de Neil Marshall, mais ici dès le premier tiers de l’intrigue, le jeune cinéaste Ben Young joue avec nos nerfs en permettant à son héroïne de s’échapper… pour mieux être rattrapée par ses ravisseurs et retourner à la case départ. Faux espoir pour Vicki comme pour le spectateur, la frustration s’ajoutant à l’angoisse. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Young façonne à sa guise la temporalité du récit et son élasticité. C’est notamment le cas lorsque la mère de Vicki se met à sa recherche: Young répète deux fois un même plan où elle apparaît, impuissante, comme s’il voulait l’empêcher de retrouver sa fille. Pour autant, Love Hunters n’est pas détestable, au contraire. L’évidence se fait que Ben Young travaille la rétention de sa propre narration pour mieux décupler notre affection à l’égard de la victime, mais aussi pour nourrir sa propre rage, que l’issue du kidnapping soit fatale à Vicki ou non. On en ressort certes éreinté, mais épaté.

AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ

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Après cinq ans d’études à Paris, Arash ne s’est pas fait à la vie française. Ses deux amis iraniens, comme lui, décident d’improviser un voyage à travers le sud du pays dans l’espoir secret de lui trouver une amoureuse et de le faire changer d’avis. Réalisé dans les mêmes conditions de spontanéité que le road trip de ces trois pieds nickelés (une Renault Espace acheté 900 euros sur Leboncoin, une caméra et basta), Avant la fin de l’été n’en est pas moins d’une impressionnante maîtrise formelle. Il faut dire que Maryam Goormaghtigh, dont c’est le premier long métrage de fiction, n’en est pas à son coup d’essai: documentariste chevronnée (elle est l’auteure de plusieurs séries pour Arte), cette passionnée de photographie a déjà l’étoffe d’un petit-maître de l’épure. Il n’en fallait pas moins pour faire affleurer, sans jamais trébucher sur la cocasserie facile à quoi s’exposaient certaines situations (on pense au personnage d’Arash, bibendum dont l’énormité trouve chez la cinéaste une tendresse idéalement modératrice), le contraste subtil entre allégresse et mélancolie qui fait la grâce de cette virée d’âmes en exils.

OZZY. LA GRANDE ÉVASION

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La famille Martin coule des jours heureux en compagnie de son chien casse-cou, Ozzy. Un bonheur paisible qui s’interrompt lorsque les parents, dessinateurs, sont invités au Japon pour un festival de BD. Pour le bien de leur animal de compagnie, ils se sont résolus à le faire garder en pension. Mais derrière le luxe apparent de l’établissement se dissimulent un trafic de frisbees et une prison canine. Ozzy découvre alors l’univers carcéral, son mode de vie à la dure, les multiples abus de pouvoir, mais aussi la grande solidarité entre les codétenus avec lesquels, d’ailleurs, il projette de s’échapper. Bénéficiant du savoir-faire d’un des réalisateurs, Alberto Rodríguez, en matière de 3D (il a écrit un ouvrage consacré au sujet), cette parodie des films de prison transforme le lieu en foyer d’aventures à l’énergie débordante. En décloisonnant progressivement cet espace clos, le film prend une nouvelle dimension, ce que le spectateur décèle notamment à travers des scènes de poursuite étirées et sophistiquées. Ozzy. La grande évasion est une ode à la liberté, ici reconquise par la ruse, qui n’est visiblement pas réservée aux renards.

UNE FEMME FANTASTIQUE

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Le Chilien Sebastián Lelio, auteur en 2014 du beau Gloria, sur une quinqua fêtarde, suit ici le combat d’une femme discrète en butte à l’hostilité de la famille de son défunt conjoint. Si la jeune et belle Marina chante la nuit sous les néons d’un bar huppé de Santiago, elle ne cherche pas à attirer les regards le jour. Quand Orlando, l’homme mûr avec qui elle vit une passion, meurt soudain d’une attaque après une nuit d’amour, elle se retrouve pourtant violemment exposée devant l’administration (l’hôpital, puis la police) et la famille d’Orlando. Bien plus que la différence d’âge des amants, c’est le fait que Marina soit trans qui intrigue ses interlocuteurs de façon malsaine – ils sont obsédés par ses parties génitales. Sebastián Lelio illustre le désir de Marina de préserver son intimité en la filmant observer son reflet dans les vitres des boutiques, des voitures ou des ascenseurs, comme si elle mettait son image à distance pour mieux se protéger des intrusions. Si le symbolisme autour de l’identité est parfois appuyé, on est envoûté par l’atmosphère de faux polar et par cette humble héroïne déterminée à conserver sa dignité.

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