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« Crash », thriller scandaleux de David Cronenberg

  • Léa André-Sarreau
  • 2020-07-08

Ce thriller à l’érotisme morbide, qui file la métaphore de la vitesse pour mieux exprimer la tristesse de ses personnages, est à revoir en salles grâce à Carlotta Films.

Incitation à la pornographie, voyeurisme déplacé et grotesque, nihilisme gratuit : lorsque David Cronenberg présente Crash au Festival de Cannes en 1996, le film provoque un scandale immédiat, avant de remporter le Prix spécial du jury.

Adapté d’un roman de J.G. Ballard, ce thriller érotique à l’ambiance futuriste prend pour point de départ l’accident de voiture d’un réalisateur de clip de prévention routière (James Spader) qui, après avoir survécu à la collision, se lie d’amitié avec une communauté d’adeptes des accidents de la route dirigée par un gourou fétichiste (Elias Koteas). Il fait alors la connaissance de la veuve du conducteur qu’il a percutée (Holly Hunter), et entraîne sa femme (Deborah Kara Unger) dans un jeu pervers, où sexe et pulsion de mort se confondent…

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Prenant pour point de départ ce motif originel de l’accident de voiture, événement à la fois fécondateur et destructeur, morbide et sensuel, David Cronenberg, aussi grand plasticien qu’analyste de l’âme humaine, explore avec froideur plusieurs thèmes obsédants de sa filmographie. D’abord la fusion hybride entre l’homme et la machine, matérialisée par des gros plans sur les plaies béantes des corps traversées de métal.

Car malgré son érotisme provocateur, Crash met en scène une désincarnation progressive des corps – des acteurs dirigés comme des pantomimes froids, perdus dans décors urbains implacables, des étreintes filmées à travers des vitres comme un spectacle mécanique -, pour mieux dire la vacuité existentielle, la tristesse de la chair.

Derrière la métaphore de la vitesse et du progrès technique qu’incarne la voiture, le réalisateur pointe la déliquescence des êtres, qui ne peuvent plus jouir que dans la destruction. Un constat désabusé d’autant plus cruel que Cronenberg l’enrobe dans un écrin parfaitement soigné : les travellings fluides sur les courses-poursuites en voiture, les couleurs bleutés, les effets de rimes visuels entre les scènes de sexe ne font qu’exhiber un monde où le fantasme morbide a supplanté le réel.

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Crash de David Cronenberg, Carlotta, ressortie le 8 juillet

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