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QUEER GUEST · John Cameron Mitchell : « À cette époque, les queer au cinéma étaient tourmentés, méchants ou juste là pour faire rire. »

  • Quentin Grosset
  • 2022-10-13

On a demandé à des figures queer d’âges et d’horizons différents de nous parler de la première image, vue au cinéma ou à la télévision, qui a fait battre leur petit cœur queer. Cette semaine, John Cameron Mitchell, réalisateur des films cultes « Hedwig and the Angry Inch » et « Shortbus », invité d’honneur du FIFIB.

QUEER GUEST est une série d'articles issue de notre rubrique "QUEER GAZE", le cinéma LGBTQ+ raconté par la journaliste Timé Zoppé.

« Quand j’étais jeune, dans les seventies, il y avait peu de représentations queer. Il y avait ce film, Bless the Beasts and the Children de Stanley Kramer [sorti en 1971, ndlr] qui était surtout connu parce qu’une chanson des Carpenters figurait sur la B.O. Ça se passait dans un camp d’été, des parents y envoyaient leurs ados un peu weirdos parce qu’ils les trouvaient trop inadaptés au monde. L’un de ces kids était manifestement gay.

Ce qui m’a marqué, c’est que ses camarades le soutiennent, ils l’épaulent. Bon, après les personnages restent à la fois des saints et des victimes, ce qui est assez ennuyeux. C’est comme dans Fame d’Alan Parker [sorti en 1980, ndlr], il y a un personnage queer, mais il reste une victime. À cette époque, quand les queer au cinéma n’étaient pas tourmentés, ils étaient ou les méchants, ou juste là pour faire rire. C’étaient les trois options.

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Et puis je me suis mis à lire un auteur de L.A., John Rechy, qui a beaucoup contribué à la littérature chicano [issue de la culture américano-mexicaine, ndlr], avec par exemple Cité de la nuit en 1963. Il était prof d’anglais le jour et prostitué la nuit. Il écrivait beaucoup sur la culture gay underground dans les sixties et les seventies. Je me souviens avoir lu ses livres alors que je tenais un magasin de fringues militaires. [Son père était général dans l’armée américaine, John Cameron Mitchell a grandi dans des bases aux Etats-Unis et en Allemagne, ndlr.] 

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C’est fou parce que dans mon souvenir, en Allemagne, la librairie militaire vendait The Joy Of Gay Sex [livre culte en forme de manuel de la sexualité gay écrit par Charles Silverstein et Edmund White et paru en 1977, ndlr]… c’était les années 1970 ! Il y avait quelque chose dans ces lectures qui me semblait plus transgressif. J’ai poursuivi avec Jean Genet, William Burroughs. L’underground, c’était mon endroit. C’était plus romantique, puissant, je n’avais aucune envie de m’identifier à la culture mainstream. C’était comme dire : « Je suis différent, et je dois être respecté. » J’ai voulu explorer ce côté punk de la queerness en écoutant Pete Shelley, le leader des Buzzcocks, Darby Crash du groupe The Germs, ou encore Bob Mould, ces punk rockers queer qui m’inspirent toujours. »

Grande interview « Mots croisés » de John Cameron Mitchell à venir la semaine prochaine sur TROISCOULEURS.

Image Bless the Beasts & Children de Stanley Kramer (c) DR

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