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: Hommage à Philippe Nahon avec « Carne » et « Seul contre tous » de Gaspar Noé

  • Timé Zoppé
  • 2020-04-23

La plateforme de la Cinémathèque française, Henri, a mis gratuitement en ligne hier les deux films de Gaspar Noé qui ont révélé l’acteur français Philippe Nahon, emporté par le Covid-19 le 19 avril dernier.

Il était une de ces « gueules » inoubliables du cinéma français. Pas étonnant que Philippe Nahon se soit bâti une belle carrière de seconds rôles flippants dans le rayon du film de genre. Encore moins étonnant quand on voit le diptyque trash et radical qui a lancé sa carrière, signé Gaspar Noé : le court métrage Carne, et le premier long métrage de celui-ci, Seul contre tous. Pour rendre hommage à l’acteur, décédé à 81 ans d’une longue maladie aggravée par une infection au Covid-19, les Cinémas de la Zone et la Cinémathèque française ont eu la bonne idée de mettre ces films en ligne gratuitement, jusqu’au 1er mai sur la plateforme Henri.

Dans Carne (1992), l’acteur au charisme de boucher en joue justement un. Un boucher ultra beauf qui élève seul sa fille après la fuite de la mère et qui, clairement, n’a aucune idée de la manière de s’y prendre. Encore au tout début de sa carrière, Gaspar Noé aiguisait son goût de la provoc en faisant s’enchaîner, par exemple, d’atroces images d’abattoir et celles d’un accouchement, et surtout en prenant le désir incestueux en toile de fond.

Il construisait surtout, avec Philippe Nahon, un curieux personnage d’inadapté social, sorte de Monsieur-tout-le-monde qui aurait totalement dérapé. En voix-off, on l’entend se parler à lui-même, entre auto-justifications et confessions psychanalytiques. Au-delà du nihilisme et du style brutal et oppressant – Noé, on aime ou on déteste -, on est surtout tenté d’y voir une dénonciation acide des conséquences de la précarité subie par les déclassés.

 

 

Avec Seul contre tous, sept ans plus tard, Gaspar Noé et Philippe Nahon reprenaient la vie de leur anti-héros là où ils l’avaient laissée. Après avoir quitté la banlieue parisienne pour Lille, le boucher est toujours aussi frustré par son destin, toujours désespéré, raciste et misogyne, toujours plus violent, et toujours obsédé par sa fille. On ne l’imaginait pas, mais il pouvait descendre encore plus bas. Plus encore que Carne, Seul contre tous dépeint avec force détails – et toujours autant d’effets de style choc – les rouages de la violences sociales. Un peu comme un film de Kervern/Delépine, mais avec beaucoup plus de psychotropes.

Un film à voir impérativement après Carne, comme l’indique la Cinémathèque.

Image de couverture : Seul contre tous © DR

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