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« 2 automnes, 3 hivers » de Sébastien Betbeder
- Trois Couleurs
- 2020-07-06
Avec cette histoire faite de bric et de broc, visible gratuitement sur ARTE, Sébastien Betbeder (Nuage, Les Nuits avec Théodore) réussit à imposer sa poésie indisciplinée.
Le film suit les parcours amoureux d’Arman (Vincent Macaigne) et de Benjamin (Bastien Bouillon), deux trentenaires parisiens qui se sont connus durant leurs années d’étude aux Beaux-Arts. L’allure fragmentée de ce long métrage aurait pu alourdir le propos du réalisateur, mais pourtant, de cet improbable patchwork naît une petite musique légère et charmante. Eugène Green, Judd Apatow, Alain Tanner… les références et citations s’enchaînent dans un flot discontinu mais cohérent, pas prétentieux pour deux sous, qui se mêle à une série de monologues face caméra à la fois drôles et inquiets.
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Ainsi, quand Arman raconte comment son agression à l’arme blanche lui a permis de rencontrer l’âme sœur, ou lorsque Benjamin revient sur la nuit de son AVC, les commentaires des personnages se font toujours fantaisistes, jamais plombants. Ayant recours à plusieurs formats et techniques (super8, 5K, DV, 5D, 16 mm, animation…), Sébastien Betbeder assemble alors des points de vue contradictoires sur la même action, qui s’enchevêtrent et qui débouchent sur un beau bricolage de sentiments bariolés.