« Notre monde » de Luàna Bajrami : une fuite vers l'indépendance

À seulement 23 ans, Luàna Bajrami se construit une filmographie de cinéaste très cohérente. Gang ou duo d’héroïnes étouffées par la tradition mais en phase d’émancipation, photographie lumineuse, mise en scène sensible et sans esbroufe... Ses deux films, qui ont à cœur de visibiliser la beauté et les contradictions du Kosovo (dont sa famille est originaire), se répondent en miroir.

Pour ce deuxième long, elle ancre son récit en 2007 pour raconter l’échappée de deux cousines, Zoé et Volta, qui fuient leur village pour s’inscrire à l’université de Pristina. Comme sorties d’une chape de plomb qui les maintenait dans l’enfance, elles y découvrent une jeunesse fougueuse et en colère parce que méprisée. L’individuel se superpose au collectif : cette année-là, le Kosovo, toujours meurtri par la persécution des Albanais par la Serbie et par la guerre menée contre le pays par la Yougoslavie de 1998 à 1999 (que quelques archives et éléments du scénario viennent rappeler), accède à l’indépendance, mais reste contrôlé par la communauté internationale.

Même si on aurait aimé que cet arrière-fond historique prenne plus d’amplitude, on est séduit par la spontanéité qui se dégage du film, comme mû par une urgence à filmer, à entrelacer au présent un passé trop vite oublié.

Notre monde de Luàna Bajrami, Gaumont (1 h 25), sortie le 24 avril.