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Les 4 expos à ne pas manquer

  • Léa André-Sarreau
  • 2020-02-17

« Le supermarché des images » du 11 février au 7 juin 
au Jeu de Paume

L’omniprésence des images dans notre vie quotidienne et la croissance exponentielle de leur nombre sont telles que notre cerveau n’est même plus en mesure de les assimiler. Enjeu majeur de notre époque, ce supermarché du visible à l’échelle planétaire démontre à quel point les images de l’économie sont indissociables de l’économie de l’image, nous privant de tout recul et de toute pensée critique. Entre algorithmes et cryptomonnaies, CAPTCHA et bannières publicitaires, peer-to-peer et plateformes de streaming, la réflexion peut-elle encore se frayer un chemin ? Peut-on juguler ce flux qui morcelle nos existences ? La mémoire cache de nos ordinateurs ne serait-elle pas en train de se substituer à la mémoire tout court ? Le philosophe hongrois Peter Szendy, commissaire de l’exposition, propose une salutaire sélection d’œuvres posant un regard incisif sur cette «iconomie globalisée» et sur ses infrastructures de l’ombre. De la récupération, par Geraldine Juárez, du tatouage numérique de Getty Images aux désagrégations de pixels de Jeff Guess, en passant par les détournements de Julien Prévieux ou la vidéo Clickworkers de Martin Le Chevallier, chacune des pièces montrées est un appel à la vigilance, mais aussi à la résistance, face à ce trop-plein iconographique qui dépasse l’entendement. Saisissant les paradoxes propres à la dématérialisation du monde et à l’hégémonie des géants du web, l’exposition dévoile avec malice et poésie l’envers du décor – l’arrière-fond fiduciaire qui se cache derrière chaque image. • JULIEN BÉCOURT

 

«  William Kentridge. Un poème qui n’est pas le nôtre », jusqu’au 5 juillet au LaM (Villeneuve-d’Ascq)

Grinçante, parfois dérisoire, toujours poignante, telle est l’œuvre de William Kentridge, l’un des plus grands artistes sud-africains contemporains. Pour la première fois en France, une exposition retrace toute sa carrière. Profondément marqué par son expérience de l’apartheid, William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, interroge l’histoire de son pays – et plus largement les rapports qui lient l’Europe et l’Afrique, de la colonisation d’hier aux migrations d’aujourd’hui. S’il a inventé « l’animation du pauvre », des petits films composés de photographies d’un dessin progressivement modifié, dont il a fait sa méthode signature, c’est avant tout un artiste polyvalent, comme le démontre l’exposition du LaM, à Villeneuve-d’Ascq. Depuis les décors de la pièce Sophiatown (1986) jusqu’à The Mouth Is Dreaming (work in progress) (2019), le parcours balaie l’ensemble des modes d’expression de l’artiste, du plus modeste (le dessin au fusain) au plus monumental (l’installation vidéo). Le visiteur est invité à se perdre dans un espace labyrinthique qui fait alterner salles obscures et salles claires, conçues comme autant d’immersions au cœur des installations de Kentridge et de temps de pause. The Refusal of Time (2010), qui compte parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition, nous montre des individus qui semblent happés par la course folle du temps et qui cherchent furieusement à s’en extraire, comme les personnages de The Head and the Load (2003) tentaient déjà de se défaire du joug colonial. Une musique dissonante, des images saccadées projetées sur tous les murs de la pièce, une inquiétante machine infernale : tout amène le spectateur à véritablement faire corps avec eux. On peut ensuite se reposer de cette expérience éprouvante (mais nécessaire !) dans les espaces qui font la part belle aux figures qui ont inspiré l’artiste, comme le cinéaste Georges Méliès, l’écrivain Alfred Jarry, les expressionnistes allemands ou les membres du mouvement Dada.  SOPHIE VÉRON

 

STURTEVANT

Disparue en 2014 à près de 90 ans, l’artiste américaine pionnière de l’Appropriationnisme s’est fait remarquer dans les années 1960 
en reprenant les œuvres d’artistes (et pas des moindres), de Marcel Duchamp à Frank 
Stella, sondant ainsi les notions d’auteur, 
de valeur, d’image voire d’icône. L’exposition montre un ensemble de vidéos composées d’échantillons issus de l’industrie du divertissement qui dévoilent les modes de 
(post)production et démontent nos mécanismes de perception.• ANNE-LOU VICENTE

: « Ça va aller », jusqu’au 14 mars à la galerie Air de Paris – Komunuma (Romainville)

CHARLOTTE KHOURI

L’artiste propose ici une relecture théâtralisée et amusée de l’histoire à travers un ensemble de motifs, figures et autres fétiches issus du patrimoine national, de la pop culture et d’une certaine mémoire collective, comme autant de supports et de brèches performatives. Dans une mise en scène enjouée à la sauce franglaise déployée autour d’un film inédit, l’on croisera une tête de lit à l’effigie de l’Arc de triomphe, François Mitterrand, une diva, mais aussi de la jelly et des brioches. Bon appétit bien sûr. • A.-L. V.

: « Dauphins, dauphines », 
jusqu’au 21 mars à La Galerie – Centre d’art contemporain (Noisy-le-Sec)

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