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L’émission « Plan large » dissèque le cinéma de King Vidor

  • Esteban Jimenez
  • 2020-02-26

À l’occasion d’une rétrospective consacrée au cinéaste américain à la Berlinale, l’émission « Plan Large », diffusée sur France Culture, décrypte sa trajectoire multiple et étonnante.

Alors qu’une rétrospective consacrée à son cinéma est organisée à la Berlinale, l’émission « Plan Large » (France Culture) a naturellement décidé de s’intéresser à King Vidor dans ce podcast intitulé « V comme King Vidor, un auteur américain à Hollywood« , aux côtés de deux fins connaisseurs de son oeuvre : Françoise Zamour (maîtresse de conférence en études cinématographiques à l’Ecole Normale Supérieure de Paris) et Jean-François Buiré (critique et enseignant en cinéma à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon).

Et ce qui frappe le plus à l’écoute de cette discussion, c’est l’incroyable modernité de ce cinéaste qui, dès son premier film parlant, intitulé Hallelujah! (1929), a mis en avant des personnages Afro-Américains en les plaçant au centre de l’intrigue. Évacuant certains clichés racistes largement répandus à son époque, celui-ci a imposé à la MGM la possibilité d’offrir des rôles dramatiques à des acteurs et actrices Afro-Américain(e)s – en passant, il a accepté de renoncer à une grande part de son salaire pour permettre à ce puissant film de voir le jour.

Une démarche militante par laquelle il déconstruit en finesse une autre figure stéréotypée du cinéma : celle des femmes. Dans plusieurs films, il porte à l’écran leur volonté d’indépendance comme leurs désirs pulsionnels. Dans Le Rebelle, notamment, le personnage d’Howard Roark (Gary Cooper), un architecte égocentrique et idéaliste qui refuse de transiger sur quoi que ce soit, rencontre celui de Dominique Francon, une femme riche et aussi individualiste que lui, avec laquelle il vit une folle histoire d’amour. Avant que Patricia Neal ne soit choisie, ce rôle de femme libre et exigeante fut convoité par les plus grandes actrices du moment (Barbara Stanwyck, Joan Crawford, Lauren Bacall…) – signe, encore une fois, de la modernité de Vidor. 

En plus d’imposer de nouveaux visages à ce cinéma très conservateur, Vidor a toujours su tester avant tout le monde les derniers outils techniques et technologiques qui allaient révolutionner sa génération. À la pointe, il est par exemple l’un des premiers à utiliser le format Vista Vision – un procédé de prises de vues 35 mm qui implique un défilement horizontal de l’image rectangulaire permettant une qualité d’image supérieure à la norme –  et à tourner en 70 mm. Comparé au visionnaire Abel Gance (Le Roue en 1923 Napoléon en 1927) par le regretté historien et cinéaste Jean Douchet, King Vidor a marqué des générations de réalisateurs, dont Orson Wells, Martin Scorsese ou encore Francis Ford Coppola – qui s’inspira du Grand Passage (1940) pour sa peinture de la folie humaine à travers un voyage dans les abysses d’une nature sauvage au cœur de la guerre du Viêt Nam dans Apocalypse Now (1979). Une carrière passionnante, à revisiter en écoutant France Culture. 

Image : photographie de tournage de La Bohème (1926)

Copyright Les Acacias

Esteban Jimenez

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