Un film comique sur la guerre de Sécession : Buster Keaton, au célèbre visage aussi peu expressif qu’il a le corps élastique, l’a fait. Il s’inspirait alors d’une action militaire de 1862 pendant laquelle des espions nordistes avaient volé un train pour perturber une voie de chemin de fer. Mais Keaton et Bruckman y ont agrégé une histoire d’amour. S’infiltrant parmi les espions nordistes à bord de la locomotive volée, un mécano (Keaton) délivre son amoureuse qui y était capturée puis s’enfuit en train, pourchassé par ses ennemis… Tenant à faire ses cascades lui-même, Keaton s’est alors affirmé comme l’un des premiers grands casse-cous du cinéma, inventant un burlesque qui rime autant avec rire qu’avec dangerosité. En 2004, mk2 a demandé à Joe Hisaishi, notamment collaborateur d’Hayao Miyazaki ou Takeshi Kitano, de composer la musique de cette version restaurée.
On poursuit avec un autre risque-tout du burlesque, et pas des moindres puisqu’il s’agit d’Harold Lloyd, reconnaissable à son canotier et à ses lunettes d’écailles. Plutôt que les locomotives lancées à toute berzingue, son truc, c’est de se pencher dans le vide à grande altitude – preuve en est l’image iconique de Monte là-dessus (1923) de Fred Newmayer et Sam Taylor, où il apparaît suspendu sur l’aiguille d’une horloge géante perchée en haut d’un gratte-ciel. Trois ans avant cette escalade, il s’exerçait déjà à côtoyer les cimes avec ce court d’Hal Roach, High And Dizzy, dans lequel il incarne un médecin un peu porté sur la bouteille qui tente de sauver une patiente somnambule en pleine crise sur le toit d’un hôtel. Déconseillé aux personnes sujettes au vertige – ou alors juste pour frissonner.
(c) Kadokawa
En 1997, on découvrait en France un cinéaste japonais dont le nom nous disait bien quelque chose – mais il ne fallait pas se tromper, car Kiyoshi n’a aucun lien de parenté avec le maître Akira Kurosawa. Depuis, Kiyoshi Kurosawa s’est affirmé comme l’un des plus grands cinéastes contemporains, sachant toujours s’emparer avec talent du cinéma de genre, appréhendé comme un moyen de sonder la société japonaise dans laquelle il vit. S’il était loin d’être un newbie quand est sorti Cure (1997), ce film était alors celui de la reconnaissance occidentale pour le réalisateur. Retraçant une enquête sur une série de meurtres à Tokyo dont le principal suspect a des pouvoirs hypnotiques, ce dernier démontrait son aisance à faire flirter le polar avec le surnaturel, à faire naître l’étrange du réel. Le film est ici accompagné d’un entretien de 2004 entre le cinéaste éclairant sa démarche et le réalisateur de documentaires français Yves Montmayeur.
(c) Les Films d’ici
De Portier de nuit de Liliana Cavani à 45 ans d’Andrew Haigh en passant par Max mon amour de Nagisa Oshima ou Swimming Pool de François Ozon, la carrière de Charlotte Rampling est tellement imposante et protéiforme que réaliser un portrait classique d’elle semble bien difficile. Angelina Maccarone s’y attelle pourtant en prenant le parti de faire dialoguer l’actrice franco-britannique avec ses proches (Peter Lindberg, Paul Auster, Jürgen Teller…) autour de thèmes bien définis : le désir, les tabous, la beauté, l’âge… Rampling détaille son parcours avec de très pertinentes réflexions sur le cinéma et le métier d’actrice, tout en y gardant son précieux mystère.
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Les films disponibles du 25 février au 4 mars
Le Mécano de la Général de (1926) de Buster Keaton et Clyde Bruckman
High And Dizzy (Ma fille est somnambule) (1920) d’Hal Roach
Cure (1997) de Kiyoshi Kurosawa
The Look d’Angelina Maccarone (2011)