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Cannes 2023 : les films qui y seront (et ceux qu’on espère y voir)

  • Trois Couleurs
  • 2023-04-07

Tic-tac. C’est bientôt l’heure de l’annonce tant attendue des films sélectionnés en compétition à Cannes 2023 (16-27 mai) – elle aura lieu ce jeudi 13 avril, à 11h, lors d’une conférence de presse à l’UGC Normandie. Avant le grand verdict, on a tenté le tout pour le tout avec nos pronostics – et on vous a aussi listé les films qui ont déjà été annoncés. Prêt·e·s ?

PASSEPORT POUR CANNES

Film d’ouverture : Jeanne du Barry de Maïwenn

Plus de dix ans après Polisse, plongée nerveuse dans la brigade de protection des mineurs qui lui valu le Prix du Jury à Cannes, Maïwenn inaugurera la 76e édition du Festival de Cannes avec un film historique dédié à la vie chaotique de Jeanne du Barry, favorite du roi Louis XV. La réalisatrice interprètera elle-même cette comtesse née roturière, grande intrigante, qui se fit une place à la cour au mépris des hiérarchies sociales, s'attirant les foudres de Marie-Antoinette et d'une bonne partie de la noblesse. A ses côtés : Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pierre Richard, Pascal Greggory et India Hair

Cannes 2023 : « Jeanne du Barry » de Maïwenn ouvrira la 76e édition

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En competition : Killers of the Flowers Moon de Martin Scorsese

Le cinéaste sera de retour sur la Croisette avec un thriller produit par Apple, coécrit avec Eric Roth. Ce western, porté à l’écran par un casting de choc (Leonardo DiCaprio, Robert de Niro, Brendan Fraser, Lily Gladstone, Cara Jade Myers, JaNae Collins, Jillian Dion et Tantoo Cardinal), se déroulera en 1920 en Oklahoma, et retracera une série de meurtres commis par l’éleveur William Hale et ses neveux, afin de s’approprier les terres de la tribu Osage où ont été découvert des sources de pétrole. Une série d'actes ignoble plus connue aujourd'hui sous le nom de "Règne de la Terreur". Un retour en force pour Scorsese, qui n’avait pas été en sélection officielle depuis After Hours en 1986, alors récompensé par le Prix de la mise en scène.

Festival de Cannes 2023 : « Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese en compétition officielle

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Séance spéciale : Funny Wars de Jean-Luc Godard

L'ultime film de Jean-Luc GodardFunny Wars, que le réalisateur développait avant de disparaître en septembre 2022, pourrait être projeté lors de cette nouvelle édition cannoise. C'est Indiewire qui a prudemment lancé l'hypothèse début mars, dans un article qui nous apprend que ce court métrage de vingt minutes serait un « collage mélangeant des fragments d'images et de texte ». Lors d'un entretien accordé à Variety en 2021, son collaborateur Fabrice Aragno (directeur de la photographie sur Adieu au langage et Le Livre d'image) avait précisé que Funny Wars était enregistré en 16, 35mm noir et blanc et Super 8, et qu'il était inspiré d'un chef-d'œuvre expérimental : « Jean-Luc m'a expliqué qu'il voulait revenir à ses origines. Il m'a dit : "Vous voyez le film de Chris MarkerLa Jetée? On peut peut-être faire quelque chose comme ça."» Du Chris Marker revisité par Godard, on demande évidemment à voir.

« Funny Wars » de Jean-Luc Godard pourrait être projeté au Festival de Cannes

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Séance spéciale : Strange Way of Life de Pedro Almodóvar

Voilà le film que Pedro Almodóvar a conçu comme une réponse au Secret de Brokeback Mountain- rappelons que le réalisateur voulait réaliser cette love-story entre deux cow-boys, finalement confiée à Ang Lee en 2005.Strange Way of Life, court-métrage de 30 minutes dont le titre est un hommage à la chanteuse portugaise Amália Rodrigues, mettra en scène Ethan Hawke dans la peau du shérif Jake, face à Silva (Pedro Pascal, coqueluche mondiale depuis la série The Last of Us), en as de la gâchette. Tandis que Silva traverse le désert de Bitter Creek, au Textas, pour rendre visite à Jake, on apprend que les deux hommes ont travaillé ensemble comme tueurs à gages il y a 25 ans... Dans le podcast Dua Lipa: At Your Service, Pedro Almodóvar a déclaré que le film serait présenté en avant-première au festival de Cannes. Et a donné quelques détails : « Il s'agit bien sûr d'un western, mais je ne veux pas coller d'étiquette au film. C'est un film queer dans le sens où il y a deux hommes qui s'aiment, et qui réagissent à cette situation de façon très différente (...). Ce que je peux vous dire, c'est qu'il contient beaucoup de codes du genre : des pros de la gâchette, un ranch, un shérif, une épreuve de force... Mais aussi quelque chose que la plupart des western ne montre pas : des dialogues profonds entre deux hommes. »

SUPERCUT : Les trois scènes dont Pedro Almodóvar est le plus fier

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IRA ? IRA PAS ?

Asteroid City de Wes Anderson

Après un détour par la province française dans The French Dispatch, le très stylé Wes Anderson promet de nous embarquer dans une aventure solaire, au cœur de la petite ville fictive d’Asteroid City, en plein désert américain, au milieu des fifties. Le suspense est à son comble pour savoir si cette comète atterrira à Cannes. On a en tout cas été gâtés d’une première bande-annonce en ce début de mois d’avril. On y fait la connaissance des protagonistes : Jason Schwartzman campe un père de famille tout juste veuf, dont la voiture tombée en panne le fait atterrir dans ledit désert ; Scarlett Johansson se la joue mystérieuse, lunettes de soleil vintage vissées sur le nez, tandis que Maya Hawke joue les institutrices face à une bande d’élèves captivés par les aliens. Si le film arrive effectivement à se faire une place à Cannes, on se fabriquera des abris.

« Asteroid City » : le nouveau Wes Anderson s’offre une bande-annonce délirante

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May December de Todd Haynes

On entend parler de ce projet depuis un bon moment maintenant. Après son modeste mais percutant portrait des Velvet (sobrement intitulé The Velvet Underground), présenté hors-compétition à Cannes en 2021, le grand Todd Haynes – qui aura droit à une grande rétrospective au Centre Pompidou prochainement – pourrait revenir à Cannes en grande pompe avec ce drame, sur l'histoire d'une actrice (Julianne Moore) dont la vie familiale est perturbée par le biopic qui se prépare sur sa vie et sa rencontre avec l’actrice qui l’incarnera (Natalie Portman). Le tout saupoudré de l’histoire singulière du couple formé par Julianne Moore et son mari, de 23 ans son cadet, qui avait fait des années plus tôt la une des tabloïds. Un méli-mélo qui s’annonce aussi passionnant que vertigineux (comme toujours chez le réalisateur de Carol) et qu’on tentera de démêler avec plaisir.

Natalie Portman et Julianne Moore à l'affiche du nouveau film de Todd Haynes

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Anatomie d’une chute de Justine Triet

Des héroïnes complexes, prises dans des dédales psychologiques, un récit en forme de toile d'araignée... Voilà à quoi nous a habitué Justine Triet, réalisatrice de l'excellent Sibyl (2019). Anatomie d'une chute s’annonce de la même trempe. Co-écrit avec Arthur Harari, réalisateur du subjuguant Onoda, ce thriller nous plongera dans le parcours d'une femme faisant l'objet d'une enquête pour le meurtre de son mari retrouvé mort : « Au cours de l’enquête, le détective soupçonne d’abord un accident ou un suicide et finit par croire qu’il s’agit d’un meurtre. Le témoin clé s’avère être le fils aveugle du couple, qui fait face à un dilemme moral… » Au casting : Swann ArlaudSandra HüllerMilo Machado Graner et Jehnny Beth – une belle ribambelle dont la réalisatrice pourrait révéler la folie douce.

Swann Arlaud et Sandra Hüller à l'affiche du prochain film de Justine Triet

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Il n’y a pas d’ombre dans le désert de Yossi Aviram et Valéria Bruni-Tedeschi

L’année dernière, Valeria Bruni-Tedeschi avait enflammé la Croisette avec son film de troupes et d’apprentissage Les Amandiers, présenté en compet – elle y racontait son expérience de jeune actrice passionnée, admise au sein de la prestigieuse école de théâtre cofondée par Patrice Chéreau et Pierre Romans, dans les années 1980. Habituée de Cannes, elle pourrait revenir cette année avec ce film, coréalisé avec le cinéaste et scénariste israélien Yossi Aviram (La Dune, 2014). Le pitch, lapidaire, annonce un film d’une grande intensité : « Tel Aviv, de nos jours. En allant rendre visite à son frère, Hanoch le trouve inconscient dans son lit. Il le sauve de justesse en l’aspergeant d’eau avec le tuyau d’arrosage du jardin à travers la fenêtre grillagée, jusqu’à ce qu’il se réveille. Ori a à nouveau tenté de se suicider. »

Valeria Bruni Tedeschi : « Pour mon père, Chéreau, c’était un mythe ; pour moi, c’était personne »

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L’été dernier de Catherine Breillat 

On espère secrètement que cette édition marque le retour de la trop rare Catherine Breillat sur la Croisette, plus de quinze ans après le sulfureux Une vieille maîtresse, présenté en compet’ en 2007. Grande spécialiste des thrillers érotiques et des jeux de dupe, la réalisatrice française nous avait scotchés avec son dernier film, Abus de faiblesse (2013), dans lequel Isabelle Huppert campait une réalisateur hémiplégique arnaquée par un magnétique voyou (Kool Shen). Libre adaptation du film danois Dronningen (Queen of Hearts) réalisé par May el-Toukhy en 2019, L’Été dernier s’intéressera à la relation entre une avocate quadragénaire et son beau-fils de 17 ans, avec lequel elle entretient une aventure. Au casting : Léa Drucker, Olivier Rabourdin, Clotilde Courau et le jeune Samuel Kircher, pour son premier rôle au cinéma - son frère Paul a récemment été révélé dans Le Lycéen de Christophe Honoré. Manipulation et désirs troubles à prévoir.  

Léa Drucker : « Le temps a été de mon côté. Si j’avais été dans l’impatience, ça n’aurait pas marché

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Toutes pour une de Houda Benyamina  

Après une Caméra d’Or à Cannes en 2016, trois César en 2017 - dont celui du meilleur premier film - et deux prix Lumière pour Divines, beau récit de sororité entre deux copines qui galèrent, la réalisatrice française a prouvé qu’elle pouvait aisément se faire une place au sein de la compet’ officielle. Surtout que son nouveau film est un remake féminin des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, tourné essentiellement en Occitanie, dans la somptueuse commune de La Couvertoirade, à proximité du lac du Salagou. Un décor épique pour ce film d’aventure à gros budget qu’on pressent badass au vu de son casting : Oulaya Amamra, Lou De Laâge, Déborah Lukumuena et Sabrina Ouazani. Les Trois mousquetaires de Martin Bourboulon – à l’affiche en ce moment, avec notamment Pio Marmaï et François Civil – n’ont qu’à bien se tenir.  

Oulaya Amamra, la femme savante

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L’étoile filante de Dominique Abel et Fiona Gordon

Que serait Cannes sans le duo belge Abel & Gordon, clowns irrésistibles qui ont par le passé enchanté la Semaine de la Critique avec Rumba (2008) et La Fée (2011) ? Leur nouvelle comédie a été tournée entre le théâtre Thénardier, Bruxelles et les studios historiques de La Victorine à Nice, et sera portée par Kaori Ito, Philippe Martz et Bruno Romy, leur acteur fétiche. Comme souvent chez eux, le film tentera un subtil exercice d’équilibriste, entre joie et peines de l’existence, tragédie et légèreté : « Étoile filante est un petit bar niché dans le vieux centre de Bruxelles. Il est tenu par Kayoko. Son compagnon est Boris, barman discret au passé militant trouble. La routine de L’Étoile filante se trouve bouleversée un soir où Georges, victime d'un attentat en 1986, en retrouve son auteur : Boris. Georges fait irruption dans le bar, armé et déterminé à se venger, mais il est interrompu par l'arrivée inopinée de leur fidèle employé Tim, ex-militaire, portier du bar», nous dit indique le pitch officiel.

Le temps d’aimer de Katell Quillévéré 

Après Un poison violent (2010) et Suzanne (2013), présentés à la Semaine de la critique, la cinéaste française Katell Quillévéré faire un retour fracassant avec son nouveau drame, coécrit avec le scénariste Gilles Taurand (Twist à Bamako de Robert Guédiguian, La Belle Personne de Christophe Honoré). Le Temps d’aimer relatera la rencontre, en 1947, entre Madeleine (Anaïs Demoustier), serveuse d’un hôtel-restaurant et mère d’un petit garçon, et François (Vincent Lacoste), un étudiant riche et cultivé. Le film suivra l’histoire amoureuse de Madeleine et François sur une vingtaine d’année, l'un et l'autre se cachant un secret qui tardera à être révélé... L’alchimie entre Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste n’est plus à prouver – ils se sont donnés la réplique dans Deux fils de Félix Moati et Fumer fait tousser de Quentin Dupieux -, donc on mise gros sur cette réalisatrice, fine observatrice des dangers de la passion.

« Le Monde de demain » : Katell Quillévéré et Hélier Cisterne nous parlent de leur fulgurante série

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Anaïs Demoustier : « Dans la vie, il y a des amours de convention, et des vrais amours »

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La Chimère d’Alice Rohrwacher 

Après Heureux comme Lazzaro, fable surréaliste dans une Italie habitée par la brutalité de l’exode rural post-fascisme, la réalisatrice Alice Rohrwacher pourrait se frayer une place cannoise avec La Chimère, l'histoire d'Arthur, un chasseur de vestiges étrusques située dans les années 1980, revenu sur le littoral de la mer Tyrrhénienne pour pratiquer son activité illégale avec une bande de bandits. L'homme a un don : il ressent le vide, celui laissé en lui par le souvenir de son amour perdu, Beniamina.  « En filmant à travers le regard d’un étranger comme Arthur, qui par sa nature même, se place entre la vie et la mort, je souhaite vous emmener dans une époque, un monde, une histoire qui remet profondément en question notre relation à la temporalité, au passage du temps et à sa signification », a déclaré la réalisatrice, qui explore souvent dans ses films les frontières poreuses entre la réel et le fantasme, et les histoires qu'on se raconte à soi-même pour survivre à la disparition d'un être cher. Bonus : de supers acteurs - Josh O'Connor, Isabella Rossellini et Carol Duarte – pour un film onirique qui a toutes ses chances d’être qualifié.  

Et la fête continue de Robert Guédiguian  

Retour à la cité phocéenne pour Robert Guédiguian, un an après la sortie de son Twist à Bamako, périple politique dans le Mali révolutionnaire des années 1960. Le réalisateur, nommé à sept reprises au Festival de Cannes (Marie-Jo et ses deux amours, L’Armée du crime, Une histoire de fou, Marius et Jeannette, Les Neiges du Kilimandjaro) mais toujours reparti bredouille, pourrait enfin briguer un prix.  Écrit par Robert Guédiguian et Serge Valletti, le scénario suit Rosa, 60 ans, Marseillaise qui a consacré sa vie à sa famille et à la politique. Tous pensent qu’elle est inébranlable, d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa craint de s’engager… Guédiguian s’est entouré de sa compagne, Ariane Ascaride, de ses amis Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin et Alice Da Lutz.  

« Et la fête continue » : Robert Guédiguian tourne son nouveau film

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La Conversione de Marco Bellochio  

Vous venez de binge-watcher Esterno Notte, la première série du cinéaste italien présentée à Cannes, fresque sidérante sur l’enlèvement de l’homme politique Aldo Moro par les Brigades Rouges en 1978 ? Son nouveau projet devrait vous plaire.  Inspiré d’une histoire vraie, il raconte l’histoire d’Edgardo Morara, un jeune garçon juif qui, en 1858, fut enlevé de force pour être converti comme chrétien. On y suivra la lutte de ses parents pour sa libération, qui virera à une bataille politique opposant la papauté aux forces de la démocratie. À 82 ans, le cinéaste italien pourrait créer la surprise avec ce 25e long-métrage, toujours plus acéré politiquement et retors vis-à-vis des forces religieuses despotiques qui traversent l’Italie – souvenons-nous du Traître (2019), qui auscultait les relations ambiguës entre un repenti de la Cosa Nostra et le juge Falcone. 

PETIT ÉCRAN · « Esterno Notte » : Marco Bellocchio frappe fort avec sa série historique

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The Old Oak de Ken Loach  

Trois ans après Sorry We Missed You, présenté en Sélection officielle au Festival de Cannes en 2019 – son précédent film I, Daniel Blake, remportait la Palme d’or en 2016 – l'infatigable réalisateur, âgé de 86 ans, retourne sur les terres modestes du nord-est de l’Angleterre avec The Old Oak. Le film se déroulera dans un village d’anciens mineurs de charbon, qui ne s'est jamais complètement remis de la fermeture des mines. Sa communauté, autrefois florissante et fière, s'efforce de maintenir ses valeurs en vie au milieu d'une colère et d'un découragement croissants, tandis que peu de jeunes restent dans le coin. Pour ce nouveau projet, Ken Loach retrouve Dave Turner, qui tenait un second rôle dans Sorry We Missed You, et collabore pour la première fois avec Ebla Mari, encore inconnu(e) du grand écran. Beaucoup de larmes, un message politique percutant et des héros intrépides : s’il est à Cannes, Ken Loach devrait y faire souffler un vent de révolte.  

Ken Loach, yes we Ken

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Il sol dell’avvenire de Nanni Moretti 

La rumeur dit que le seizième film du réalisateur italien (en français, « Le soleil du futur »), a toutes ses chances de figurer à Cannes, puisqu’il sortira dans les salles françaises le mercredi 21 juin 2023, soit un mois après pile après le festival. D’après les premières images dévoilées sur le compte Instagram du cinéaste, Mathieu Amalric portera cette comédie située dans les années 1950, dans le monde de l’art et du cirque, qui a d’ailleurs été tournée dans les célèbres studios italiens Cinecittà. Aux côtés du réalisateur, grand friand d’autofiction et de réflexions méta qui adorent se mettre en scène, on retrouvera deux habitués de son univers : Margherita Buy et Silvio Orlando. Chouchou du festival, Nanni Moretti a déjà remporté la Palme d’or pour La Chambre du fils (2001) et le prix de la mise en scène pour Journal intime (1994).  

Memory de Michel Franco  

En quelques films - Después de Lucía, et plus récemment Sundown, thriller mystique sur sur les plages faussement paradisiaques d’Acapulco -, le sulfureux cinéaste mexicain Michel Franco s’est imposé comme un incontournable du festival, puisqu’il a remporté le prix du scénario pour Chronic, en 2015. Le pitch de son nouveau film, porté par Jessica ChastainPeter Sarsgaard, Merritt Wever, Elsie Fischer, Merritt Wever, Josh Charles et Jessica Harper, est gardé secret défense – un mystère qui pourrait faire un sacré effet surprise à Cannes. On sait simplement qu’il a été tourné à New-York, avec Yves Cape comme chef op’, et qu’il risque d’être tout aussi glacial et nihiliste que le reste de sa filmo, peuplé d’êtres cruels ou en perdition.

« Sundown » de Michel Franco : un thriller mystique et cruel

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The Tokyo Toilet de Wim Wenders

Vous vous souvenez sûrement du célèbre peep-show de Paris, Texas ? Dans ce film culte, qui avait remporté la Palme d’or en 1984, Wim Wenders filmait des femmes dans de petites cabines aux vitres transparentes – en face d’elles, des hommes, avec lesquels elles communiquaient par téléphone, tout en se laissant observer. C’est à d’autres sortes de cabines que va s’intéresser le cinéaste allemand de 76 ans, qui s’est inspiré du « Tokyo Toilet art project », un projet de rénovation urbaine conçu par de célèbres architectes qui consiste à transformer 17 lieux d’aisance en œuvres d’art. « Il y a quelque chose de très japonais dans cette idée, dans tout ce décor. Je pense presque que c'est une idée utopique », avait analysé Wim Wenders lors d'une conférence de presse en 2022. « Les toilettes sont un endroit où tout le monde est pareil. Il n'y a pas de riches et de pauvres, pas de vieux et de jeunes, tout le monde fait partie de l'humanité. » A Cannes ou ailleurs, on a hâte de découvrir ce grand cabinet de curiosités.

Le Consentement de Vanessa Filho

Début 2020, l’éditrice, autrice et réalisatrice Vanessa Springora avait publié chez Grasset un livre au très fort retentissement : Le Consentement. Avec courage, elle y racontait comment, trente-ans plus tôt, alors qu’elle n’avait que 13 ans et lui près de 50 ans, elle avait subi l’emprise « sexuelle, psychique et littéraire » de Gabriel Matzneff, écrivain qui s’est rendu célèbre par ses textes érotiques où il n’hésitait pas à étaler son penchant pour les jeunes filles, à une époque où la pédocriminalité n’était que très peu condamnée. Vanessa Filho (Gueule d’ange) a décidé d’adapter ce récit aussi âpre que nécessaire à l’écran. Au casting : Jean-Paul Rouve, Kim Higelin ou encore Laetitia Casta.

En images : Vanessa Filho, la réalisatrice de l’émouvant Gueule d’ange, fait aussi de très belles photos

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Le Retour de Mati Diop

« La remise des trésors royaux d'Abomey au Bénin, pris lors de la colonisation du pays. » Voilà le résumé court, simple, épuré du prochain film de Mati Diop, qui nous avait subjugués en 2019 avec Atlantique, auréolé du Grand prix à Cannes cette année-là. Un conte surnaturel et envoûtant, sur une jeunesse ravalée par les flots d’un océan magnétique à Dakar. Derrière cette somptueuse mise en scène se cachait une réflexion passionnante sur la crise migratoire. Sans trop se risquer à jouer les devins, on prédit ici un même mélange entre esthétique fascinante, nébuleuse et sous-texte politique puissant.

CANNES : « Atlantique », prix du jury pour le premier long poétique et politique de Mati Diop

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Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania

Résolument féministe, le cinéma de Kaouther Ben Hania parvient toujours à surprendre. Dans  la comédie Le Challat de Tunis (2014) ou le thriller La Belle et la meute –  sélectionné à Un certain regard en 2017 –, la cinéaste tunisienne faisait emprunter au spectateur des chemins de traverse inhabituels. Son prochain film, qui n’a pas encore de synopsis, devrait trouver une place dans le nouveau cru cannois. Pour l’instant, le mystère est partout et reste donc entier.

La Belle et la meute de Kaouther Ben Hania : en étau

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Ama Gloria de Marie Amachoukeli

Restée dans l’ombre depuis Party Girl (qu’elle a coréalisé avec Claire Burger et Samuel Theis en 2014, et qui avait obtenu cette même année la Caméra d’or), la cinéaste et scénariste (elle a collaboré avec Clément Cogitore, Guillaume Gouix ou encore Julia Ducournau), Marie Amachoukeli va enfin faire son retour derrière la caméra – en solo cette fois. Dans Ama Gloria, elle s’intéressera à une petite fille de six ans, qui a « un regard de myope et qui aime follement Gloria, sa nourrice depuis sa naissance », nous dit le synopsis. « Lorsque Gloria reçoit un appel et doit retourner d’urgence chez elle au Cap-Vert pour s’occuper de ses deux enfants qu’elle n’a pas élevés, Cléo lui fait promettre de se revoir une dernière fois. Gloria accepte et invite Cléo à passer les vacances d’été sur son île. Un dernier été qu’elles passeront ensemble, dans la famille de Gloria, avant de se dire inévitablement adieu. » Tout pour nous émouvoir à Cannes – on prévoit d'ores-et-déjà notre paquet de mouchoirs.

Marie Amachoukeli, co-réalisatrice de « Party Girl », tourne son premier film solo

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100 000 Années-Lumière de Virgil Vernier

Bagnolet et ses tours impressionnantes dans Mercuriales (2014), la Méditerranée aveuglante de Sophia Antipolis (2018), la jeunesse dorée de Genève dans Sapphire Crystal (2020)... Chez Virgil Vernier, les lieux se traversent comme des espaces à la fois mythologiques et ultra modernes. Pour son prochain film, 100 000 Années-Lumière, le réalisateur français pose ses valises à Monaco, petit royaume fermé de la Côte d'Azur et paradis fiscal dont il risque bien d'exploser la vitrine reluisante. D'après Cineuropa, le film sera écrit par Benjamin Klintoe (Crève cœurCantine / Transept) : « Pour une génération post télé-réalité ayant grandi dans le fantasme du mode de vie des privilégiés, Monaco est un paradis terrestre, la promesse d’une civilisation de plaisirs infinis. Mais que se cache-t-il dans ces grandes tours ? Derrière les vitres teintées des berlines ? Derrière les grilles des villas ? Comment passer de l’autre côté du miroir sans tain ? » On n’imagine pas découvrir cette plongée dans le faste monégasque ailleurs qu’à Cannes.

Io capitano de Matteo Garrone  

L’incroyable odyssée contemporaine de deux jeunes Sénégalais (interprétés par Seydou Sarr et Moustapha Fall, pour la première fois à l’écran) en route vers l’Italie, bravant les dangers du désert, de la mer et des atrocités humaines. Voilà le pitch alléchant du nouveau film de Matteo Garrone, Grand Prix du jury à Cannes pour sa fresque mafieuse Gomorra en 2008, et dont l’avant-dernier long, Dogman, a valu le prix d'interprétation masculine à Marcello Fonte en 2018. Portraitiste souvent pessimiste et désabusé d’une Italie gangrénée par la corruption et la criminalité, Garrone est en pole position pour glaner une place en compet’ officielle, surtout qu’il s’est entouré pour ce projet des meilleurs techniciens : le chef op’ Paolo Carnera, le monteur Marco Spoletini, le décorateur Dimitri Capuani et le costumier Stefano Ciammitti.  

Amelias Children de Gabriel Abrantes  

Le nom de Gabriel Abrantes vous dit quelque chose ? C’est normal, le réalisateur américano-portugais a cosigné en 2018 avec Daniel Schmidt Diamantino, un joyau de loufoquerie, farce délirante sur le narcissisme de notre époque vue à travers les yeux d’un footballeur déchu - génial Carloto Cotta, que l’on retrouvera dans ce nouvel opus. Il y campe Edward, à la recherche de sa famille biologique, qui va bientôt apprendre qu'il est lié à ses ancêtres par un monstrueux secret. Un thriller psychologique que l’on devine bourré d’idées dingues et de fulgurances esthétiques baroques. Alba Baptiste et Brigette Lundy-Paine seront également de la partie. 

L'Amour et les Forêts de Valérie Donzelli

Après le fantaisiste Notre Dame (2019) et un détour réussi par la télévision (Nona et ses filles, série qui explorait avec ingéniosité les joies et contraintes de la sororité et des liens intergénérationnels), Valérie Donzelli planchait ces derniers temps sur un long métrage, L'Amour et les forêts. Le sixième film de l'actrice-réalisatrice est une adaptation du roman éponyme d'Éric Reinhardt (Prix Renaudot des Lycéens en 2014 ) coécrite avec Audrey Diwan, lauréate du Lion d'or à la Mostra de Venise pour L'événementd'après le roman d'Annie Ernaux. Le pitch officiel annonce une histoire d'amour traversée par le spectre de la domination et de l'ascendant : « Quand Blanche a croisé le chemin de Greg, elle a cru rencontrer celui qu’elle cherchait. Les liens qui les unissent se sont tissés rapidement, leur histoire s’est écrite dans l’emportement. Blanche fait taire ses appréhensions, s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, pensant se réinventer. Et fil après fil, se retrouve prise au piège d’un homme possessif et dangereux. Un homme qu’elle n’ose dénoncer par honte, par peur. Car l’emprise n’a que deux issues possibles. Soit la victime s’effondre, soit elle se libère… » Le tapis n'attend plus que la fantaisie de Donzelli.

L’autre Laurens de Claude Schmitz 

On a adoré son moyen métrage en forme de chronique noire Braquer Poitiers, et récemment Lucie Perd son cheval, film de chevalerie conjuguée au féminin. Bref, ce jeune réalisateur belge, à l’univers cinglant et singulier, mérite clairement sa place sur le tapis rouge cannois. Et ce n’est pas le pitch officiel et très intriguant de son nouveau film qui fera redescendre la hype : « Gabriel Laurens, agent de recherche privé, patauge dans un quotidien fait de soupçons et de filatures. Lorsque sa nièce Jade, quinze ans, surgit dans sa vie pour lui demander d’investiguer sur la mort de son père, le détective voit rejaillir des souvenirs qu’il pensait enfouis pour toujours. Confronté aux fantômes de son passé, il va se trouver aux prises d’une étrange enquête mêlant, faux-semblants, fantasmes et trafic de stupéfiants. » Une sorte d’Inspecteur Gadget façon weirdo, pris dans la toile d’araignée d’un crime que l’on devine être un prétexte à une fine étude de mœurs : c’est un grand oui. Les excellents Olivier Rabourdin, Marc Barbé Tibo Vandenborre et Francis Soetens seront de la partie.  

Claude Schmitz : « Les acteurs et actrices ont une sorte d’idéal qui correspond à celui de la chevalerie »

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Le Règne animal de Thomas Cailley 

Après Les Combattants (lauréat du prix Louis Delluc et prix Lumière du meilleur premier film), dans lequel Kevin Azaïs et Adèle Haenel partaient en mission survivaliste lors d'un stage à l'armée, le réalisateur français Thomas Cailley pourrait faire irruption à Cannes avec un long très attendu porté par Adèle Exarchopoulos, Romain Duris et Paul Kircher (révélé dans Le Lycéen de Christophe Honoré). L’histoire se situera « deux ans après l'apparition des premières mutations de l'homme vers l'animal La société s'adapte, prend en charge et tente de soigner ses "créatures" dans des centres spécialisés. Mais un convoi a un accident, et les Créatures se dispersent dans la nature… » nous informe le pitch officiel.  Une intrigue qui, sous ses airs de science-fiction, résonne étroitement avec la pandémie et les questionnements scientifiques qu'elle a pu soulever (rappelons que dans Les Combattants, le personnage d'Adèle Haenel, persuadée que la fin du monde était proche, évoquait de façon visionnaire la présence d'un coronavirus capable de décimer l'humanité). Quand on lui a demandé de nous en dire plus sur le film en entretien (à lire ici), Adèle Exarchopoulos nous a parlé d'un « scénario complètement fou », et l'a résumé comme une « ode à la différence ». Cannes n’est pas prêt pour cette secousse.

Adèle Exarchopoulos et Romain Duris réunis dans « Le Règne animal », le prochain film de Thomas Cailley

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 Simple comme Sylvain de Monia Chokri 

« J’avais envie d’écrire un vrai film d’amour. Je trouve qu’il y en a peu, peut-être parce qu’on est dans une époque cynique, mais je trouve que ça fait toujours du bien, une romance à la The Notebook ou à la Titanic », nous a confié la plus en vogue des réalisatrices québécoises (La Femme de mon frère, Babysitter) à propos de sa nouvelle comédie, qu’on espère voir à Cannes, quatre après que La Femme de mon frère ait reçu le coup de cœur du jury Un Certain regard au festival. Amour, gloire, et déboires sont donc à prévoir au programme de ce film qui racontera l’histoire d’une quarantenaire aisée (Magalie Lépine Blondeau) bouleversée par sa rencontre avec un entrepreneur issu d’un milieu modeste (Pierre-Yves Cardinal, vu dans Tom à la ferme de Xavier Dolan). Plus sérieusement, on compte sur la pétillante cinéaste pour railler sans vergogne le modèle social du couple et ses failles. 

Monia Chokri : « On a un vrai pouvoir de changement de l’intime »

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Le Livres des solutions de Michel Gondry 

Plutôt rare sur la Croisette - la dernière fois qu’il est venu, c’était en 2015 pour The We and the I, sur l’été brûlant de lycéens dans le Bronx, présenté à la Quinzaine -, le cinéaste français pourrait venir présenter Le Livres des solutions, un projet très personnel tourné dans les Cévennes gardoises, où il a des attaches familiales. Pierre Niney (pour qui c’était un rêve de gosse de tourner avec Gondry), y campe un réalisateur cherchant à vaincre les démons qui nuisent à sa créativité. Un sujet hautement méta pour un cinéaste à la fois cinéphile et très tourné vers l’obsession de la page blanche, l’imagination comme source de renouveau et de souffrance. Bref, un savant mélange qui nous fait penser que cette comédie dramatique a sa place à Cannes – sans oublier qu’il s’est offert un casting délicieux : Blanche Gardin, Camille Rutherford, Vincent Elbaz et Françoise Lebrun. 

Pierre Niney dévoile des photos du tournage du nouveau film de Michel Gondry

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Pendant ce temps sur la Terre de Jérémy Clapin 

Après J’ai perdu mon corps, grandiose et sensoriel film d’animation sur une main à la recherche éperdue de son corps qui remporta le Grand Prix à la Semaine de la critique cannoise en 2019, le réalisateur français s’essaye au long-métrage de fiction. Ce premier film en prise de vue réelle racontera l’histoire d’Elsa, 23 ans, qui n’arrive pas à faire le deuil de son frère aîné Franck, spationaute disparu mystérieusement trois ans plus tôt lors d'une mission spatiale. Un jour, elle est contactée par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur terre. Seulement le prix à payer est lourd… On mise beaucoup sur cette intrigue qui dessine, entre ses lignes fantastiques, une variation sur le poids de l’absence, et bénéficie d’un casting très frais : Megan Northam (Les Passagers de la nuit), Sofia Lesaffre (Revoir Paris) Catherine Salée (Alma Viva) et Wim Willaert.  

« J’ai perdu mon corps » de Jérémy Clapin : un conte sensoriel et poétique

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