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CANNES 2022 · « When You Finish Saving The World » : le premier long subtil de Jesse Eisenberg

  • Joséphine Leroy
  • 2022-05-19

Pour son premier passage derrière la caméra, l’acteur Jesse Eisenberg, éternel nerd du cinéma américain, signe un film d’une étonnante maturité (présenté en ouverture de la Semaine de la critique), sur la relation complexe entre une mère (Julianne Moore) et son fils ado (la jeune pousse Finn Wolfhard) et la peur de s’engager. Une mise en scène élégante, un scénario profond : le cinéaste a déjà tout bon.

On l’a vu combattre des zombies tout en ayant une peur panique des clowns dans Bienvenue à Zombieland et sa suite Retour à Zombieland de Ruben Fleischer. Ou incarner Zuckerberg, le fondateur de Facebook, en mode nerveux, négligé et solitaire dans The Social Network de David Fincher. À l’écran, Jesse Eisenberg a souvent joué les froussards, les reclus, les complexés. Le genre de personnage légèrement à côté de ses pompes. On se demandait avant de découvrir son très attendu premier long si cette fébrilité se ressentirait dans sa façon de réaliser le film. Pas du tout.

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Avec sensibilité et maîtrise, le cinéaste raconte la relation complexe entre Evelyn (Julianne Moore, extraordinaire), qui tient un refuge pour femmes battues tout en ayant du mal à gérer ses émotions et son fils adolescent Ziggy (Finn Wolfhard, vu dans Stranger Things), obsédé par les 20 000 followers (principalement constitué d’un fan-club chinois) qu’il a cumulés sur un réseau de live-stream et qui en pince secrètement pour une fille de son lycée très engagée à gauche (lumineuse Alisha Boe, découverte dans la teen-série 13 Reasons Why). Comme s’il avait été directement nourri par ses rôles névrosés, Eisenberg dépeint ses personnages avec une grande subtilité, tout en les confrontant à de grandes et pertinentes interrogations : par quel bout prendre, comprendre le monde chaotique dans lequel on vit ? Quelles formes peut prendre l’engagement ? Comment faire le lien entre les générations ?

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On le sent à leurs échanges lapidaires : une distance s’est créée silencieusement entre ces deux solitaires, qui se verrouillent littéralement (Ziggy, qui gratte de façon assourdissante sa guitare dans sa chambre, devant laquelle il a posé un gyrophare pour empêcher sa mère d’entrer sa permission ; Evelyn dans sa smart rouge, dans laquelle elle écoute de la musique classique à un volume qui bousillerait n’importe quel tympan). C’est au bruit qu’ils font qu’on mesure la fréquence de leurs souffrances. Reste à suivre le fil doux du film pour voir, enfin, ces différentes fréquences s’accorder.

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 17 au 28 mai 2022. Tous nos articles sur l’événement sont à suivre ici.

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