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3 questions à Antoine Dubos, réalisateur du docu « L’attente »

  • Trois Couleurs
  • 2017-03-01

Que sait-on réellement du parcours des migrants en France ? Le documentaire L’attente propose d’ouvrir une entrée et d’obtenir un élément de réponse quant à cette question politique cruciale, source de conflits entre partis et parfois sujet à fantasmes du côté des citoyens. Nous avons posé trois questions à Antoine Dubos, réalisateur de ce docu en forme d’immersion, qui nous plonge dans ce que l’on appelle un « centre de transit ». 

Comment avez-vous découvert ce centre de transit
Pour mon autre projet de film, Exils adolescents, j’avais déjà entendu parler du centre de transit de Lyon pour les demandeurs d’asile, géré par Forum Réfugiés. Je leur ai demandé si je pouvais venir quelque temps pour observer, rencontrer les personnes qui y vivent et qui y travaillent. J’ai passé un peu plus d’un mois là-bas, sans caméra à tenter de comprendre ce qui se jouait dans ce laps de temps parfois très court entre leur arrivée et leur départ du centre.

Quelle a été votre première impression face à la diversité des origines et comment vous-êtes vous adapté à la pluralité des récits personnels  ? 
À l’origine, je voulais partir de cette traversée depuis les drames en Méditerranée et à Calais. J’avais envie de savoir ce qui se passait après pour ces personnes, une fois ici. Comment sont-elles accueillies ? Comment peut-on reconstruire quelque chose après avoir tout quitté ? On rencontre des personnes qui ont pu fuir toutes sortes de zones de conflits ou de persécutions (des coptes d’Egypte, des Congolais, des Soudanais, des Syriens, des Roms du Kosovo…). Mais ils doivent déjà livrer leurs récits personnels – et douloureux – à plusieurs reprises auprès des autorités, afin de pouvoir justifier leurs demandes d’asile. Leur demander encore de raconter cela, c’était inadapté et l’enjeu du film n’était pas là. Je souhaitais plutôt raconter ce temps suspendu, dans ce sas, où la seule question est : « Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? ». J’arrivais peut-être également avec une sorte de fantasme sur ces personnes venues de pays si différents, unies par le malheur qu’elles avaient fui… La réalité est bien différente. La tension est parfois palpable, ce qui est logique vu ce qu’elles ont vécu et les conditions dans lesquelles toutes ces nationalités se retrouvent.

Ce documentaire est en huis-clos. Comment avez-vous filmé cet espace et l’avez-vous relié à la problématique ?
L’idée du huis-clos s’est assez vite imposée. Le centre de transit est un lieu où l’on reste – où l’on stagne même. Il y a des espaces très marqués. Les cuisines d’abord, qui sont des lieux collectifs où peuvent se tisser les liens. On cuisine toute la journée, cela fait partie des choses qui permettent de passer le temps. On discute de tout et de rien, du pays, de la procédure, de foot ou de chaussures. Ensuite il y a les bureaux, qui sont un espace régulé, où l’on rencontre les travailleurs sociaux. C’est un lieu d’interface, où l’on prépare sa demande d’asile, où l’on reçoit les courriers de l’administration. Il s’agissait d’y saisir le frottement entre ces deux mondes. Enfin, les chambres, souvent très petites où une famille de quatre peut vivre. C’est l’espace intime, le dernier auquel on accède. Celui où l’on parle le plus des souvenirs, des peurs et des espoirs. Propos recueillis par Josephine Leroy. 

Le film est disponible en suivant ce lien

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