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Richard Kern, polas X

  • Quentin Grosset
  • 2017-05-03

 

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« Beaucoup de ces Polaroid sont des tests avant de vrais shootings. Avant le numérique, c’était le seul moyen de voir à quoi ta photo allait ressembler… Tout en haut, c’est une séance que j’ai faite pour Leg Show, un magazine fétichiste autrefois dirigé par la grande éditrice Dian Hanson, qui aujourd’hui s’occupe de la collection “sexe” chez Taschen et publie mes livres, ceux de Terry Richardson, de Tom of Finland… C’est elle qui avait ramené ce ridicule minishort et avait choisi cette chambre d’hôtel bien déprimante, comme sur pas mal de scènes de cul. En dessous, c’est pour une revue de mode. Malgré moi, il y a toujours un côté homoérotique quand je photographie des mecs. Mais je pouvais pas savoir qu’il aurait un aussi gros paquet ! »

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«Si tu voulais voir des films bien tordus, il fallait aller sur la 42e rue. On regardait des trucs effrayants comme Le Jour des morts-vivants, L’Armée des morts ou La Terreur des zombies. On s’inspirait de ce genre d’atmosphères bizarres et détraquées. Sur la première, c’est Cassandra Stark sur le tournage de mon film Submit to Me Now (1987). Sur la deuxième, c’est un performer qui, avec sa copine, faisait du break dance ensanglanté. On allait chez le boucher s’approvisionner en sang de vache pour trois dollars et hop, ça avait l’air plus vrai que nature.»

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« Ça, c’est moi, la bite attachée. Je ne sais plus du tout qui est derrière l’appareil. Je me rappelle juste que, deux jours avant, je m’étais fait renverser par une voiture. Comme à l’époque j’étais encore accro à l’héroïne, je m’étais pas rendu compte que j’avais l’épaule cassée. C’est pour ça que je suis tout tordu. Bref, en 1986, j’aimais bien tous ces trucs de bondage. Beaucoup de mes modèles qui étaient dans le “sex biz” en faisaient aussi. L’autre image, je crois que c’est une dominatrice. Je prenais ce genre de photos SM avec des éclairages de couleurs pour ma série New York Girls (1995). J’ai arrêté dès qu’on a commencé à parler de moi comme un photographe fashion, ça m’a pas plu. »

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« C’était en 1986 ou 1987, je traînais tout le temps avec cette photographe japonaise, Madoka. Sur la première image, on est dans mon ancien appart – je le reconnais aux teintes de la photo. Sur la deuxième, je crois qu’on est dans une usine: je ne sais plus comment on a eu l’autorisation de photographier là-dedans, mais il y avait une vraie harmonie à l’intérieur. Tu sais, à l’époque, il y avait très peu de Japonais à New York, donc on la remarquait dans la rue. Elle ne parlait pas un mot d’anglais, mais on avait pris l’habitude de se photographier tout le temps. Elle doit avoir quelques photos de moi l’étranglant avec une chaîne. Le genre de trucs débiles que tu fais pour choquer quand t’es jeune. J’ignore ce qu’elle est devenue. »

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« Que ce soit chez moi ou chez les autres, je me pose tout le temps à la fenêtre pour regarder le paysage. Là, c’est New York vu de la fenêtre de ma chambre. D’ici, tu peux voir l’East River. Le soleil est en train de se coucher, c’est pour ça que la lumière paraît si jaune sur les volets des immeubles. Je n’ai jamais trop pris de photos de paysages pour mes livres et mes expos. Je me disais, comme il n’y a pas de filles, je vais les mettre de côté. Je les ai retrouvées il y a deux ou trois ans. Bien sûr, je sais qu’il y a des milliards de photos de beaux ciels, avec une jolie lumière et des jolis nuages, mais je peux pas m’empêcher d’aimer ceux-là, avec leurs couleurs hyper saturées. »

Polarized de Richard Kern
Fortnight Institute et Victoria Press, 2017

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