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Top absurde #1: les 6 plus grandes flaques d’eau de l’histoire du cinéma

  • Emilio Meslet
  • 2019-09-24

Parce qu’il est absurde mais pas complètement idiot d’enfermer le cinéma dans des tops, la rédaction de TROISCOULEURS vous livre les classements les plus insensés du septième art. Aujourd’hui : les flaques d’eau.

Psychose, Alfred Hitchcock (1960)

Une série de coups de couteau donnés par une silhouette dans l’ombre et le corps gisant de Marion Crane (Janet Leigh) glisse sur le carrelage de la douche. Dans la baignoire, une flaque de sang, mélangée à l’eau, s’écoule – en un plan furtif – jusqu’au siphon. Avant que Norman Bates (Anthony Perkins) ne vienne faire un brin de ménage. Entrée directement au Panthéon cinéphile, cette scène de Psychose ne trouve pas sa source unique dans le génie d’Hitchcock. Il y a un invité surprise : le Code Hays. Ce dernier interdisait tout meurtre brutal présenté de façon explicite à l’écran. La représentation furtive d’une eau teintée d’un rouge suggéré (le film est tourné en noir et blanc) respecte habilement la règle tout en préservant la violence de la scène.

Nostalghia, Andreï Tarkovski (1983)

Pour réussir une scène, il suffit parfois de peu : un plan séquence en travelling latéral et un contraste entre les éléments. Le feu versus l’eau, un classique qui confère au final de Nostalghia de Tarkovski toute sa puissance évocatrice. Andreï Gortchakov doit accomplir un rituel, son odyssée pour trouver une paix intérieure : traverser les anciens bains à l’abandon dédiés à Sainte-Catherine pour y déposer une bougie. Le cierge à la flamme vacillante en mains, il s’exécute trois fois (la flamme s’éteint) avant d’arriver au bout du périple de quelques mètres, jalonné de flaques d’eau croupies. Alors qu’on pourrait les imaginer comme autant d’embûches obligeant notre héros à la persévérance, elles viennent surtout accentuer l’idée d’un monde en décrépitude, déjà bien installée par une photographie grisâtre. Le clapotis de l’eau vient, lui, souligner comme un compte à rebours l’autodestruction de l’humanité qui ne peut être évitée que par l’accomplissement de cette destinée.

Terminator 2 : le Jugement Dernier, James Cameron (1991)

Petite entorse à notre classement : la flaque culte qui suit n’est pas faite d’eau mais de métal. Et les premiers spectateurs de Terminator 2 : le Jugement Dernier s’en souviennent encore. Le polymorphe T-1000 que l’on pensait détruit revient à la vie sous les yeux ébahis et terrifiés de John Connor (alors adolescent, il est le futur chef de la résistance qu’on est venu assassiner). Le contrechamp, prélude d’une baston dantesque, est prodigieux et surtout inédit : une à une les gouttes de métal liquide se rejoignent en une flaque informe et argentée redevenant d’un coup le robot-tueur. Pour réaliser cette prouesse déjà esquissée dans Abyss, Cameron explose son budget et en consacre la moitié aux effets spéciaux. Il faudra plusieurs mois de travail à l’équipe technique composée de dizaines de personnes pour concevoir le T-1000. Un tournant dans l’histoire des CGI ( Computer-Generated Imagery), et un choc visuel de plus à l’actif du réalisateur.

Jurassic Park, Steven Spielberg (1993)

C’est peu dire que Dennis Nedry est l’un des beaux salauds de Jurassic Park : après avoir ouvert les enclos des dinosaures, il tente de s’enfuir du parc en jeep, emportant avec lui des embryons de dinosaures. Mais, comme toujours chez Spielberg, il est rattrapé par son karma. Pendant sa fuite, la voiture dérape dans une immense flaque causée par les trombes d’eau qui s’abattent, et il finit dans le décor. Alors qu’il tente de se sortir du pétrin, Dennis Nedry glisse et atterrit en contrebas dans une nouvelle flaque, près de laquelle il ne tardera pas à faire la connaissance d’un jeune dilophosaure. La bête lui crache une flaque visqueuse de venin au visage, avant de le dévorer dans son véhicule. La précieuse canette de Barbasol contenant les embryons lui échappe alors des mains pour finir… dans une flaque de boue où elle ne sera heureusement jamais retrouvée.

Roma, Alfonso Cuarón (2018)

Un plan fixe sur les motifs d’un carrelage en extérieur et tout est dit. Roma s’ouvre sur cette image en arrière-plan de son générique. Hors champ, on entend quelques pas mouillés, un seau se remplir et un balai frotter le sol. La caméra n’a pas bougé et voit son cadre se faire envahir par une vague d’eau limpide qui se fige en un rectangle blanc, reflétant le ciel comme une fenêtre ouverte sur un ailleurs. Un avion de ligne la traverse tranquillement, avant que des vagues successives, pleines de savon, ne viennent brouiller la clarté de l’eau. Alfonso Cuarón se raconte dans Roma, fresque en noir et blanc qui raconte une partie de son enfance à Mexico, au début des années 1970. Avec cette flaque comme un écran de cinéma, le cinéaste pose le cadre de son film maîtrisé et adresse un message direct au spectateur : nous entrons dans son histoire, dans une fiction de lui-même et d’une époque troublée.

Glass, M. Night Shyamalan (2019)

Un film de M. Night Shyamalan sans twist final n’en serait pas vraiment un. Alors si vous n’avez pas vu Glass, abstenez-vous de lire la suite…

Pour clore sa trilogie de super-héros (avec Incassable et Split), Shyamalan décide de dézinguer en quelques minutes ses trois personnages principaux, chacun par leur point faible. Elijah Price (Samuel L.Jackson) périt des suites de ses blessures, la Bête (James McAvoy) est abattue d’une balle dans le ventre une fois redevenu l’innocent Kevin Wendell Crumb et David Dunn (Bruce Willis), hydrophobe depuis qu’il a frôlé la noyade dans sa jeunesse, termine noyé par un policier dans une flaque. C’est à cet exact moment que Glass prend un virage – attendu si on connait le bonhomme – à 180°. Dans un élan de survie, David Dunn attrape la main du docteur Ellie Staple (Sarah Paulson) et y découvre un mystérieux tatouage, signe d’une organisation secrète ayant pour but d’anéantir les super-héros. Preuve donc qu’ils existent vraiment.

Image : Capture d’écran du film Roma d’Alfonso Cuarón – Netflix

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