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Takara. La nuit où j’ai nagé : petit fugitif

  • Éric Vernay
  • 2018-05-04

Le Français Damien Manivel et le Japonais Kohei Igarashi ont sympathisé en 2014, lors du festival de Locarno, où ils présentaient chacun leur premier long métrage. Pourquoi ne pas tourner ensemble à l’avenir ? Quelques années plus tard, et à des milliers de kilomètres du lac Majeur, le réalisateur d’Un jeune poète et celui de Hold Your Breath Like a Lover (inédit en France) se sont donc retrouvés à Aomori. C’est là, dans cette région particulièrement enneigée du Japon, qu’ils ont fait la connaissance de Takara Kogawa, 6 ans, et des autres membres de sa famille – les Kogawa jouent tous leur propre rôle dans le film. De cet écrin documentaire est née une fable très simple. Celle d’un fils de poissonnier qui, attristé par l’absence d’un père partant dès l’aurore pour revenir au crépuscule, décide de faire l’école buissonnière et d’aller le retrouver sur son lieu de travail pour lui donner son plus beau dessin.

Chaque geste du garçon est scruté attentivement par la caméra, en plans-séquences apaisés. Très vite, on se rend compte qu’il n’y aura pas de dialogue. Le temps semble parfois s’étirer dangereusement dans ces Quatre Cents Coups nippons, mais c’est pour la bonne cause. Manivel et Igarashi creusent dans cette durée même les précieux micro-détails qui font tout le sel de leur odyssée enfantine : ici, le sursaut comique de deux chiens apeurés par les aboiements joueurs de Takara ; là, un tas de neige qui tombe presque sur la tête du garçonnet, dans une gare ferroviaire perdue au milieu de nulle part. Et si l’on songe au Miyazaki de Mon voisin Totoro devant ce décor semi-rural, ce n’est pas totalement fortuit tant le film fait de l’environnement le pouls de sa poésie sensorielle. Comme Takara, on ressent chaque crissement de botte dans la neige, chaque infime variation météorologique ou émotionnelle. Une simple photo défilant sur un écran peut dès lors se changer en élément majeur du récit et faire bifurquer la cocasse pérégrination du petit fugitif vers l’intensité du mélodrame.

: de Damien Manivel et Kohei Igarashi
Shellac (1 h 18)
Sortie le 2 mai

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