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Mots croisés : Adolpho Arrietta

  • Laura Tuillier
  • 2013-04-17

« L’enfance croit ce qu’on lui raconte, et ne le met pas en doute. »
(Carton d’ouverture de La Belle et la bête de Jean Cocteau)

Le premier film que j’ai vu, c’était Le Magicien d’Oz. J’avais 4 ans. Les films de mon enfance sont restés dans mon inconscient et m’ont beaucoup influencé. Par exemple, L’Homme de mes rêves de Don Hartman et Rudolph Maté, que je vous recommande. Je l’ai vu pour la première fois à 7 ans, je viens de le revoir et de découvrir qu’il est peut-être à l’origine de Flammes. Ah, et j’aimerais filmer La Belle au bois dormant en 3D !

« La jeune fille ne change pas la cité, c’est la cité qui la change. La magie c’est cela : c’est le concret qui, avec toute sa charge, de lui-même, s’abstrait. »
(Marguerite Duras, à propos du Château de Pointilly d’Adolpho Arrietta)

Je crois que Le Château de Pointilly et l’article de Marguerite sont inséparables. C’est son article qui m’a amené à dépouiller le film d’une lourdeur qui me déprimait. Je trouve que la version courte s’accorde mieux avec l’article de Marguerite. Maintenant, je trouve le film léger, mystérieux et très envoûtant !

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« On peut toujours jouer. Qu’est ce qu’on peut faire d’autre ? On ne peut pas s’arrêter. »
(Le pompier dans Flammes)

Pour Flammes, j’ai éprouvé le plaisir de travailler de façon très ordonnée. Mes autres films étaient faits dans un désordre total. J’écrivais avec la caméra, et le scénario se faisait au montage. Mais le tournage de Flammes était magique. Mon assistant, Laurent Laclos, avait trouvé le petit château près d’Orléans. Il avait enlevé tous les trophées hippiques de cette résidence pour poneys, et le directeur de la photographie Thierry Arbogast a éclairé le lieu avec son génie. Une nuit, j’étais seul en bas et j’ai eu le sentiment que les personnages du film n’étaient plus des acteurs, mais qu’ils étaient là, avec moi. Quand je fais un film, j’ai le sentiment de jouer un jeu plus passionnant que n’importe quel jeu. Jouer à faire un film ou faire un film, c’est la même chose.

« Nous sommes la main d’œuvre de forces profondes que nous connaissons très mal. En quelque sorte, le poète est un médium. »
(Jean Cocteau)

Je ne sais pas d’où ca vient, l’inspiration. Cocteau disait qu’il fallait parler d’expiration plutôt que d’inspiration. Le rêve est très important. Par exemple, j’avais envie de faire une version du Château de Pointilly avec le personnage de la préceptrice. Un soir que j’écrivais et que je n’étais pas très inspiré, soudain, la figure d’un pompier est apparue dans mon imagination, sans que je sache pourquoi. Son apparition a tout bouleversé. Mon scénario est devenu Flammes.

« Si le film que vous allez voir vous semble énigmatique, ou incongru, la vie l’est aussi. »
(Luis Buñuel, avertissement au début de L’Ange exterminateur)

L’Ange exterminateur me fascine à chaque fois que je le vois. Je ne pensais pas à Buñuel quand j’ai tourné Tam Tam, mais le rapprochement me plaît. Les personnages de Tam Tam sont aussi sous un charme qui les empêche de sortir : le charme de l’attente. Une fois que l’invité appelle pour s’excuser de son absence, le mystère n’est plus là, tout le monde s’en va.

« J’aimais cette surveillance, qui ne m’importunait pas. »
(La jeune fille dans le Château de Pointilly)

Je n’aime pas perturber les acteurs, leur jeu obéit à un rapport télépathique qui s’établit entre nous. Je corrige leur jeu comme s’ils chantaient, je soigne leur image comme s’ils posaient, je surveille leurs mouvements comme s’ils dansaient. Le cadre est un tableau.

Flammes
d’Adolpho Arrietta
Avec : Caroline Loeb, Dionys Mascolo…(1h30)

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