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Les Filles d’Avril, Out… Les films préférés de la rédac cette semaine

  • Trois Couleurs
  • 2017-07-08

LES FILLES D’AVRIL

filles

Avec une mise en scène paisible et voluptueuse en paravent, Michel Franco accouche d’un film féroce sur une relation mère-fille anthropophage.Dans une petite maison face à la mer, une jeune femme prépare le petit-déjeuner, l’air un peu résigné, apparemment sourde aux gémissements de plaisir que l’on entend (pourtant très distinctement) en fond sonore. Les cris s’arrêtent et une jeune fille apparaît, nue et moite, exhibant sa beauté insolente et son ventre rond avec un sourire satisfait sous le nez de la cuisinière, qui se révèle être non pas sa domestique mais sa sœur. Malaisante, cette scène annonce le génie du metteur en scène mexicain (Después de Lucia, Chronic) qui distille une tension souterraine dans son film comme un lent poison, déployant son récit cruel avec une grande sérénité, à coups (feutrés) de plans fixes et tranquilles, bercés par le ronronnement des vagues et baignés d’une chaleur engourdissante. La jeune fille enceinte a 17 ans, elle s’appelle Valeria, elle vit avec son amant et sa sœur, Clara, effacée  et complexée, dans une maison simple et douillette en bord du Pacifique mexicain. Alertée par Clara de la grossesse de Valeria qui préférait la lui cacher, leur mère, Avril (Emma Suárez, la Julieta d’Almodóvar), débarque dans le cocon familial pour aider sa fille, rapidement dépassée par l’arrivée du bébé. Très impliquée, la matriarche s’immisce de plus en plus dans la vie de la jeune femme, jusqu’à prendre sa place. C’est qu’il n’y a justement pas de place pour tout le monde ici: entre l’aînée, qui se fait bouffer, sa mère la contraignant à un humiliant régime forcé, et la cadette, qui se fait phagocyter son bébé, Michel Franco filme la maternité – et a fortiori la féminité – comme un impitoyable instinct de survie.

OUT

out

Portrait sensible d’un quinquagénaire qui largue les amarres, ce premier film prometteur, découvert à Cannes dans la sélection Un certain regard, navigue entre constat politique et dérive poétique. Fraîchement licencié de son usine en Slovaquie, Ágoston décide de prendre le large. Laissant sa femme et sa fille, ce passionné de pêche met le cap sur la Lettonie où il espère trouver un emploi. Au fil de son périple, il rencontre des individus fantasques: une jeune femme dont le seul compagnon est un lapin empaillé, un Russe bagarreur dont l’épouse est refaite de la tête aux pieds… Au-delà de cette galerie de personnages hauts en couleur, Out évoque une réalité politique préoccupante: l’accueil hostile réservé aux travailleurs étrangers. Mais György Kristóf signe surtout un conte métaphysique dont le héros est un doux rêveur qui affronte le temps qui passe, tel un marin qui se bat contre les éléments. Des plans visuellement inspirés confrontent Ágoston à l’immensité de la nature (l’océan, la forêt), à une modernité parfois absurde (un impossible dialogue par Skype, un selfie) et à des paysages urbains perturbants (une boîte techno filmée comme un bocal).

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