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Jeannette. L’enfance de Jeanne d’Arc, divine comédie

  • Quentin Grosset
  • 2017-09-06

On s’y attendait, mais on ne pensait pas que ce serait à ce point-là. Jeannette. L’enfance de Jeanne d’Arc est tout aussi fou, et peut-être encore plus, que les deux précédents opus de Bruno Dumont (la série P’tit Quinquin et Ma Loute), qui amorçaient son virage vers la comédie. Cette fois-ci, il s’agit d’une comédie musicale hard-rock (la bande originale, qui louche vers le mauvais goût cheesy de groupes de métal symphonique type Evanescence, est signée du musicien electro Igorrr) sur les jeunes années de Jeanne d’Arc, juste avant qu’elle ne boute les Anglais hors de France. S’inspirant de deux textes assez solennels de Charles Péguy, Jeanne d’Arc (1897) et Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (1910), on n’aurait pas cru que le film verserait tant dans l’excentricité. Dans Le Mystère..., l’auteur catholique revenait sur la vocation de la célèbre combattante en imaginant sa longue prière tourmentée à Dieu. Dumont s’empare de cette supplication à coups de chorégraphies démentes (imaginées par Philippe Decouflé) multipliant les headbangings, les dabs et les mouvements de tecktonik. Des danses folles qui offrent une caisse de résonance inattendue aux mots révoltés de la jeune enfant puis de l’adolescente – deux interprètes, Lise Leplat Prudhomme et Jeanne Voisin, se succèdent dans le rôle de la future sainte, avec un premier degré impressionnant compte tenu des extravagances que Dumont leur demande. Filmant dans un cadre assez minimaliste (les dunes de la Côte d’Opale, et non la Lorraine où l’intrigue est censée se passer, le réalisateur tenant à filmer les paysages qu’il aime regarder et qui sont le décor de beaucoup de ses films), Dumont parvient à trouver l’équilibre entre le côté pieux, spirituel, des dialogues pour la plupart chantés, et ses délires visuels ou sonores. Façon Jeanne d’Arc, c’est quasiment de manière martiale qu’il aborde le genre de la comédie musicale, l’attaquant de front avec tout son arsenal de bizarreries et de décalages retors.

de Bruno Dumont Memento Films
(1 h 45)
Sortie le 6 septembre

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