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« Atlantique », le film poétique et politique de Mati Diop

  • Julien Dokhan
  • 2019-09-30

La Franco-Sénégalaise Mati Diop signait en 2019 un premier long poétique et politique qui lui a valu, à 36 ans, un Grand Prix à Cannes. A revoir sur Arte à l'occasion du 76e Festival de Cannes.

Atlantique de Mati Diop

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Révoltés  de ne pas être payés depuis plusieurs mois, les ouvriers d’un chantier d’une banlieue de Dakar décident de prendre la mer pour rejoindre l’Europe. Suleiman, l’un d’eux, doit donc abandonner Ada, avec qui il vit une histoire d’amour aussi passionnelle que clandestine. Celle-ci est sur le point d’épouser l’homme riche à qui elle est promise et pour lequel elle n’éprouve aucun sentiment. Mais la fête de mariage est brutalement interrompue par un étrange incendie. Pourrait-il avoir été commis par Suleiman, que certains prétendent avoir vu dans les parages ? Le mystère s’épaissit encore un peu plus lorsqu’une fièvre inexpliquée s’empare de l’inspecteur chargé de l’enquête et de plusieurs amies d’Ada…

Si la première partie du film expose de façon réaliste des problèmes politiques concrets, comme le sort des migrants ou la condition des femmes et de la jeunesse, le récit prend ensuite une ampleur saisissante en s’enrichissant d’éléments surnaturels. Le talent de Mati Diop (lire notre interview ici) est de ne pas plaquer ces motifs fantastiques, mais de les déposer en douceur, à l’image des vagues dans l’océan, à la fois paisibles et meurtrières. Le bleu de la mer, les yeux blancs de femmes possédées, les lumières vertes d’une boîte de nuit : tout au long de ce film aux allures de kaléidoscope, le sens et l’émotion jaillissent aussi de la confrontation des couleurs. Formée à l’école du Fresnoy, Mati Diop fut aussi, en tant qu’actrice, à l’affiche de 35 rhums (2008), le film le plus tendre de Claire Denis, réalisatrice avec qui elle partage un sens du cadre et une intelligence dans l’utilisation de la musique.

Avec cet ambitieux Atlantique, dont la dimension sociale ne doit pas faire oublier le versant purement sentimental, Mati Diop s’impose comme une cinéaste aussi fougueuse et déterminée que sa jeune héroïne. D’ailleurs, si le titre n’avait pas déjà été pris par un autre prétendant à la Palme d’or en mai – et qui sort aussi ce mois-ci –, son film aurait pu s’appeler Portrait de la jeune fille en feu.

Image : Copyright Les films du bal

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