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« La Fleur de Buriti » : une fable vibrante et politique
- Raphaëlle Pireyre
- 2024-04-26
Présenté en sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2023, ce film nous invite à écouter la voix de l’Amazonie : le murmure de sa forêt et le cri de colère de ses habitants menacés par la déforestation sauvage et la négation de leurs droits.
L’édition 2023 du Festival de Cannes ressemblait aux pages arrachées à un livre d’histoire : nombreux étaient les films (ceux de Martin Scorsese, Lisandro Alonso, Felipe Gálvez Haberle) qui s’emparaient de récits coloniaux du point de vue des natifs, recouvrant ainsi le mythe des grands aventuriers européens s’enhardissant en Amérique. Le couple de cinéastes João Salaviza et Renée Nader Messora poursuit de son côté son immersion dans la jungle amazonienne brésilienne amorcée dans son précédent film Le Chant de la forêt(2019).
Eux qui vivent plusieurs mois par an au sein de la tribu Krahô offrent ici encore une chronique d’anthropologie partagée à la Jean Rouch. Politique, le cinéma de Messora et Salaviza l’était assurément déjà par sa façon de nous faire épouser le regard sur le monde des Krahô, dans une narration faite de contemplation et d’écoute du paysage. Les cinéastes rompent cette fois-ci la temporalité sans horloge de leurs hôtes pour faire la lumière sur les massacres perpétrés sur cette communauté par des fermiers blancs en 1940. Et ce flash-back éclaire la barbarie nouvelle à laquelle la présidence de Jair Bolsonaro les a exposés. La Fleur de buriti, qui reste une fable vibrante sur la place de l’homme dans la nature, est aussi un film militant sur l’urgence d’un peuple menacé d’extinction.
La Fleur de buriti de Renée Nader Messora et João Salaviza, Ad Vitam (2 h 03), sortie le 1er mai